Les mots nouveaux naissent en maintes circonstances. Le phénomène est amplifié par présence irréversible des nouvelles technologies dans la vie quotidienne. Plus que jamais la communication sociale est saturée d’expressions et de termes qui s’invitent jusqu’à dans les méandres de notre vie privée. Ils nous séduisent, fascinent, troublent, rebutent. Pour certains, cette opulence annonce la fin d’un monde, pour d’autres, elle marque le début d’une ère nouvelle. Des mots font trois petits tours et puis savent se faire oublier. D’autres, résistent à l’usure rapide de la société de communication et marquent rapidement leur territoire.
Un mot n’arrive jamais seul. Il est suivi fidèlement comme son ombre par l’usage qui lui est associé ou par les représentations qu’il suscite. « Géolocalisation » est de ceux qui ont le vent en poupe. Il ne se déplace pas sans la technologie qui lui est attachée. La généralisation de l’Internet mobile offre d’immenses possibilités à la géolocalisation qui s’impose comme un étonnant outil de mercatique en temps réel. Les marques utilisent le téléphone portable pour proposer des promotions et des offres ciblées en relation avec le lieu de présence. Les « geeks » sont des consommateurs dorlotés. Les dérives et les risques peuvent être importants. La parade serait que chacun se conçoive une attitude numérique comme beaucoup ont élaboré une démarche écologique toute personnelle. Il s’agit en quelque sorte de limiter son empreinte numérique comme il est possible de limiter son empreinte écologique. Selon Alex Türk président de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), « nous tendons vers une société où nous serons toujours entendus, surveillés… Des dangers lourds nous guettent : ne plus avoir la certitude d’être seul, ne plus avoir la spontanéité qui fait le sel de la vie ». [Le Monde, 8 février 2011].
C’est d’ailleurs demain en forme d’aujourd’hui. En cliquant sur le lien suivant http://www.gigapixel.com/image/gigapan-canucks-g7.html vous êtes en présence d’un cliché pris à Vancouver (Canada) le 24 juin 2011 (paru dans le Tri-City News). En plaçant le curseur n'importe où dans la foule et en double cliquant, puis en cliquant plusieurs fois et en utilisant ensuite la rondelle de la souris, il est possible de distinguer un visage avec une très grande précision. Ceux qui avaient leur téléphone portable smartphone avec une application de géolocalisation activée ont gagné. Ils y étaient ! Cette preuve peut être utilisée à diverses fins. Bon, c’est au Canada… c’est ce qui est rassurant.
La vie privée et sa protection sont des enjeux citoyens de premier plan. La vie sociale et la vie personnelle ont besoin d’opacité. Pour la psychanalyste et philosophe, Anne Dufourmantelle, l’idéologie de la transparence s’assimile au totalitarisme. « Les petits secrets sont indispensables : comme les rêves, ce sont des microlieux de résistance ». Si la technologie abolit les rêves, il sera difficile de rêver à de douces technologies.