A l’issue d’un deuxième round, les socialistes ont un candidat à la prochaine présidentielle. Préalablement, au cours d’un premier tour de piste, six personnages en quête de hauteur de vues et de bonnes perspectives se sont soumis à la nouvelle règle de désignation des candidats pour représenter, non pas la gauche, mais les différentes tendances qui jouent des coudes dans les coulisses du Parti Socialiste. A l’unisson, ils ont déclaré croire à leur destin, à leur bonne étoile. Il s’en est suivit surprise et déception. Sans coup de théâtre, ni de Trafalgar visibles à l’œil nu, le vainqueur est désormais connu.
Le parti socialiste a donc un candidat, « le candidat de tous les socialistes rassemblés pour la victoire ». Un candidat incontestable, désigné incontestablement, sans contestation ou si peu, dans la liesse militante émaillée de quelques formules aigres-douces. Cela suffit-il à faire un leader ? Cette interrogation ne figure pas à l’inventaire des caciques socialistes tout occupés à savourer la réussite du processus de désignation ni aux commentateurs qui spéculent sur la comète pour anticiper sur le chapitre suivant.
La tâche d’un leader est constituée de nombreux rôles. Entre des qualités de visionnaire, une nécessaire posture de rassembleur, une affirmation non crispée de valeurs compatibles avec les changements attendus, une capacité à ratisser large sans chagriner ceux qui font les cent pas sur les chemins périphériques, une communication en direction de tous pour que chacun se sente concerné, des gestes qui inspirent la confiance et respirent la probité morale, une aptitude à la synthèse des points de vue, reste-t-il un espace pour l’expression de soi et le tempo d’une petite musique toute personnelle ?
Le costume de candidat primairement désigné confère-t-il l’étoffe de leader ? Rien ne sert d’inventorier avec une intention exhaustive rôles et qualités d’un leader car le catalogue se renouvelle sans cesse. Un leader naturel et reconnu par son camp peut-il exister par une procédure relevant d’un vote militant, qualifié par précaution, de citoyen ? La réponse appartient à l’avenir. L’avenir repose en général sur la tendance à l’incertain.
Le staff de communicants se met en place, les éléments de langage vont s’offrir fébrilement aux médias. Des mots nouveaux ou réchauffés vont poindre. La campagne prochaine, plus que la campagne première, c’est, sans doute, du lourd à venir. Lourd, dans les coups bas, dans les petites phrases, dans les menaces, les promesses et les imprécations, les révélations, lourd dans les rhétoriques convoquées. Il faudra bien le talent, le charisme, le courage d’un leader pour tenir le cap.
Donner rendez-vous au mois de mai 2012, c’est exprimer une honorable ambition. Toutefois, ce qui est attendu par les citoyens n’est ni plus ni moins que l’émoi de mai. Le temps des cerises et celui de la ferveur. « Et moi, et moi, et moi » chante toujours Jacques Dutronc….