Le débat entre François Hollande et le candidat sortant est la séquence qui restera. François Hollande avait testé, avec une réelle efficacité, la puissance de la répétition anaphorique lors de son discours du Bourget. http://rolandlabregere.blog.lemonde.fr/2012/01/23/le-candidat-socialiste-dope-a-lanaphore/ En usant de cette figure emblématique de l’art oratoire, François Hollande fait plus que doubler la mise. Il change de statut. Ce n’est pas faire une prévision statistique que de dire que la reprise de la formule Moi président est le procédé qui fait gagner.
En reprenant au bon moment et au bon endroit de l’échange une formule inattendue et toute personnelle qui le place dans le champ des valeurs et de son projet, il traverse l’écran. Le candidat normal est alors celui de la proximité. Cette période est l’acmé de sa prestation.
La série anaphorique réussie rend pathétique le recours à l’anacoluthe tant appréciée par le candidat sortant. L’anacoluthe, ou absence de suite dans l’ordre des mots, souligne l’absence de suite dans les idées. Figure qui vise à faire coller le cheminement de la pensée à celui du discours, elle est contre-productive quand il s’agit d’argumenter. La rupture de construction permanente et non maîtrisée dévoile les errements de la réflexion et souligne le désir de plaire à tous.
Pas de doute, l’apogée anaphorique de François Hollande annonce un état de grâce sous le signe d’une hollandomania.