Officielle depuis dimanche, la rétrogradation de l'AJA, après 32 ans parmi l'élite, s'explique par une gestion calamiteuse. «L'objectif, cette saison, n'est pas de se maintenir, mais bel et bien de finir dans les trois premiers.» Cette phrase lâchée par Gérard Bourgoin en début de saison a de quoi en faire sourire plus d'un aujourd'hui. Pour tous les autres, amoureux de l'AJA ou nostalgiques des glorieuses épopées européennes du club bourguignon, la pilule est dure à avaler. L'ambition démesurée a fait place au chaos. Après 32 saisons consécutives en L1, Auxerre, demi-finaliste de la Coupe UEFA en 1993, a officiellement rejoint Nantes, Lens ou encore Monaco au bal des historiques en enfer, avec une relégation en L2.
Guy Roux dépité
La 3e place décrochée en 2010, synonyme de qualification en Ligue des champions et notamment de visite du grand Real Madrid de José Mourinho à l'Abbé-Deschamps, n'aura été qu'une parenthèse enchantée. À trop jouer avec le feu ces dernières années, l'AJA a fini par se brûler. La conséquence désastreuse d'une gestion calamiteuse. «Cette rétrogradation correspond à une cascade d'erreurs de trois présidents accompagnés de quatre entraîneurs, a ainsi regretté sur Canal + Guy Roux, auteur d'un doublé historique Coupe-championnat en 1996. Cinquante-cinq recrues, beaucoup d'achats et pas de ventes. C'est une erreur, une gestion complètement erronée. Il n'y a pas eu besoin de conflit. À chaque fois, ce sont des hommes seuls qui se sont trompés.»
Bourgoin le pyromane
Alain Dujon, président renversé en mai 2011, et Gérard Bourgoin, son successeur, sont évidemment visés. Un an après son accession à la présidence, avec le soutien de Jean-Claude Hamel, président historique, mais aussi de Guy Roux, Bourgoin a réussi à couler le navire qu'il avait en partie bâti. Seul maître à bord, il a accumulé les fautes. De recrutement, avec des joueurs trop coûteux ou aux rendements douteux. De management. De communication. Bourgoin, par ses sorties médiatiques à répétition, souvent surréalistes, s'est apparenté à un «pyromane» ne maîtrisant rien. L'AJA, continuellement perturbée par des luttes internes, a surtout été victime de ses limites sportives. Le club a tout simplement manqué de talent, mais aussi de patrons, de leaders capables de tirer le collectif vers le haut. Dans ces conditions, le discours trop responsabilisant et ambitieux de Laurent Fournier, écarté tardivement, en mars dernier, n'a fait que participer à la longue et lente agonie d'un club de moins en moins performant sur le plan de la formation, de plus en plus dépendant d'une politique de recrutement qui a finalement tourné au fiasco.
Le couperet tombé, quel avenir désormais pour Auxerre ? Sans surprise, l'effectif va se retrouver chamboulé. Outre les joueurs en fin de contrat, certains seront invités à partir afin de soulager la masse salariale. Car l'AJA a besoin d'argent, avec un déficit estimé à environ 18 millions d'euros! Le renflouement passera inévitablement par la vente des rares éléments à forte valeur marchande (Ndinga, Traoré, Boly). L'ouverture du capital à des investisseurs extérieurs est également envisagée. Mais il faudra pour cela convaincre certains administrateurs peu emballés par l'idée de donner les clés du temple à de parfaits inconnus. Autre hypothèse: nouer des partenariats avec des pays émergents (Asie, golfe Persique…) pour récupérer et former leurs meilleurs jeunes. Mais, pour l'heure, rien n'a abouti.
Des finances dans le rouge, un président contesté, un groupe prêt à exploser, un entraîneur, Jean-Guy Wallemme, simple intérimaire, l'intersaison s'annonce mouvementée. L'avenir de l'AJA, lui, apparaît bien sombre. Il passera forcément par les jeunes et par le nouveau centre de formation qui ouvrira ses portes début 2013. Suffisant pour ne pas s'éterniser à l'étage inférieur ?
source : Sport24