L’ISLANDE: ce pays qui, face à la crise, n’a rien fait comme les autres!

Publié le 15 mai 2012 par Citoyenhmida

La crise financière de 2008 qui a failli balayer l’économie occidentale et même mondiale  n’avait pas épargné l’Islande. Pourtant ce pays a longtemps fait figure de cas particulier, un peu en marge de l’Europe.

C’est pour cela qu’il me parait intéressant de retracer dans ce billet l’itinéraire islandais avant la crise, pendant la période de turbulences et après l’apparition des prémices de reprise économique et financière.

Pourtant ce petit pays, petit à tous  points de vue avec une population de 350.000 âmes, avec une superficie de 100 et quelques mille kilomètres carrés, avec une histoire sans histoire  et une indépendance qui remonte à peine à 1944, n’est surement pas un nain  politique, culturel et économique,

Il faut rappeler que l’institution parlementaire du pays remonte au Xème siècle et en fait le plus ancien parlement du monde.

La culture islandaise est reconnue mondialement à travers les sagas, ce genre littéraire spécifique à ce pays, qui comptait dès 1955  un prix Nobel de littérature et des auteurs contemporains très appréciés en dehors de l’Islande comme Arnaldur Indriðarson et ses romans policiers.

L’économie de l’Islande, longtemps basée sur la pêche et l’agriculture, s’est orientée vers la production d’énergies  nouvelles et  d’aluminium ainsi que vers un tourisme attractif du fait d’une géographie particulière. Elle  a permis à ce pays d’afficher des indices macro-économiques les  plus optimistes (croissance de près de 3%, chômage inférieur à 3%, indice de développe humain de 0,87 soit le 17ème du monde).

Tout cela semble être bien beau, comme un rêve jusqu’à l’automne 2008 quand, soudain,  éclate la crise.

Cette crise est  due, d’une part  à la propension des islandais de vivre à crédit et donc au-dessus de leurs moyens,  et d’autre part à l’incurie des banques. La situation financière du pays s’est détérioré subitement dans le dernier trimestre 2008 quand les banques ont rencontré des difficultés à se refinancer.

En quelques semaines, l’Islande est pratiquement tombée  en faillite potentielle, recherchant vainement  à l’étranger un financement à court terme. Le gouvernement a nationalisé  dan l’urgence deux des trois grandes banques. La conséquence a été immédiate : inflation de 15 % et perte de 60% de la valeur de la couronne islandaise.

Le premier ministre islandais reconnait très vite la gravité extrême de la situation en déclarant devant le parlement : ” “Nous somme  confrontés à un risque réel de voir l’économie nationale emportée dans la tourmente bancaire internationale et de finir par une faillite nationale“.

Malgré cette situation catastrophique, similaire à cette qui sévit dans d’autres pays européens, dès 2010, l’Islande commence à montrer les signes de la reprise.

Le gouvernement prend la situation à bras le corps, en nationalisant les banques défaillantes et en intervenant énergiquement dans l’organisation et la régulation du système financier.

Le président de la république islandaise livre la recette suivie par son pays pour sortir de la crise en déclarant : “Nous n’avons pas suivi l’orthodoxie qui guide les politiques en Europe et à l’international”.

Il est intéressant de se rappeler que la sortie de crise de l’Islande a été surtout et avant tout due à une action  politique populaire qui a pris le pas sur les prises de décisions économiques et financières:

  • pétition nationale pour refuser le remboursement des dettes britannique et hollandaise;
  • référendum populaire rejetant à plus de 93 %  les accords relatifs au règlement de ces dettes;
  • nouveau référendum rejetant à 60% un nouvel accord avec les créanciers de l’Islande.

Une fois le pays remis sur les rails, les islandais ont voulu comprendre ce qui leur est arrivé et qui en a été le responsable.

C’est ainsi que  le premier ministre de l’époque Geir Haarde a été déféré devant une juridiction spéciale. Le but n’était pas de le  sanctionner  pour  sa mauvaise gestion de la crise, mais pour que le peuple sache quelques ont été les vraies causes de la crise : privatisations hasardeuses des quotas de pêche, engouement pour les investissements à l’étranger, gestion catastrophique des grandes banques privées et octroi immodéré de crédits aux particuliers).

Devant la dette extérieure que l’Islande est dans l’incapacité de rembourser, sans soumettre la population  à une austérité drastique qui couterait 100 euros mensuellement à chaque habitant et ce pendant huit ans, le peuple de ce pays a décidé par référendum de récrire la constitution pour permettre à l’état de fonctionner sur de nouvelles bases, qui peuvent paraitre assez surprenantes :

  • la séparation de l’Église et de l’État
  • la nationalisation de l’ensemble des ressources naturelles
  • la  séparation claire des pouvoirs exécutif et législatif.

Actuellement, l’Islande est le seul pays d’Europe  à enregistrer une croissance positive de plus de + 2% et à voir sa note réévaluée par l’agence de notation FICH qui considère ce pays comme “emprunteur fiable”.

Le peuple de ce petit pays, perdu dans les flots de l’Atlantique-Nord aux confins des zones polaires, semble avoir donné donné une belle leçon de démocratie aux autres pays d’Europe ainsi qu’aux instances financières, internes et  internationales, en rappelant que le sort des nations doit rester entre les mains des peuples et de leurs représentants et non pas entre les mains des puissances financières.