En rendant hommage, aujourd'hui, à Jules Ferry, François Hollande a réaffirmé que l'objectif de l'école était, selon lui, de former de "bons citoyens". Derrière cette formule apparemment anodine, on retrouve une référence au projet politique formulé, en 1866, par Jean Macé, fondateur de la ligue de l'enseignement et véritable inspirateur de lois Ferry.
On n'est jamais aussi bien cité que par soi-même, c'est pourquoi je me permets de citer un extrait de notre dernier livre "L'école malade de l'égalitarisme" :
Finalement, ils n'auront fait qu'appliquer la feuille de route laissée, en 1866, par Jean Macé, fondateur de la Ligue de l'enseignement. La postérité n'a retenu de cet homme de gauche que son combat pour l'école publique, laïque et gratuite. Ses motivations sont moins connues. Pourtant, elles méritent notre attention, car elles portent les germes de l'école égalitaire.
Pour Jean Macé, l'objectif premier de l'école, ce n'est pas la simple diffusion du savoir, c'est "l'éducation au suffrage universel". De son propre aveu, son organisation "poursuit un but essentiellement politique", qui fixe à l'éducation le soin "de faire des électeurs"[1].
Cette thèse, même si elle n'a pas toujours été aussi clairement affichée, n'a jamais cessé d'inspirer la gauche et ses alliés au sein du milieu scolaire. Depuis, comme le note François Ewald, l'école est devenue le "lieu privilégié de l'initiation à la République, elle est chargée de "fabriquer" le citoyen de la démocratie "égalitaire".[2] On lui a, ainsi, fixé pour mission d'apprendre aux enfants "les gestes citoyens", les comportements "éco-responsables", et le catéchisme "politiquement correct". "Et cela, non pas en s'appuyant sur le capital social dont l'enfant hérite de sa communauté d'origine [quitte à l'enrichir], mais en prétendant forger un être nouveau."[3]
Cette école s'adresse ainsi à un enfant abstrait qu'elle a elle-même inventé. Comme le chien qui lâche sa proie pour l'ombre, elle a sacrifié la transmission du savoir au nom de l'égalité. Elle n'aura obtenu ni l'un, ni l'autre.
Car, "plus l'école renonce à transmettre les connaissances, plus ces dernières se voient réservées à ceux auxquels leur famille et/ou leurs moyens confèrent la possibilité de s'instruire ailleurs[4]. Au bout du compte, l'égalitarisme tue l'école,"[5] et tourne le dos à une juste égalité des chances.