À 62 ans, le guinéen Mory Kanté renoue avec la forme du grand orchestre. © Eric Dessons/Sipa
Après huit années de silence, le « griot électrique » Mory Kanté revient avec un nouvel album, La Guinéenne, dédié à toutes les femmes.
Sa kora lui a été offerte par un vieil homme en 1974. Il lui avait confié qu'elle le nourrirait, lui et sa famille. Cette anecdote aux allures de prophétie, Mory Kanté aime toujours autant la raconter. Après huit années d'absence, l'artiste guinéen, 62 ans, signe son grand retour avec un nouvel album, La Guinéenne, sorti le 30 avril. Dans cet opus de onze titres enregistré dans la banlieue de Conakry, le « griot électrique » revient au grand orchestre et aux instruments traditionnels, tels que la flûte fulani, le balafon mandingue et, bien sûr, sa vieille kora. Une ode aux femmes d'Afrique et d'ailleurs, encore trop négligées selon lui malgré leur dévouement pour la société. À l'amour, à la famille et à la jeunesse aussi, ses thèmes favoris. Sans oublier les Maliens, à qui il exprime toute sa gratitude dans « Malibala ».
Enfance Malienne
Il faut dire que Mory Kanté doit beaucoup à Bamako. Né près de Kissidougou (sud de la Guinée) dans une célèbre famille de griots, il est envoyé dès 7 ans chez sa tante au Mali afin d'être initié aux rituels traditionnels, au chant et au balafon. À 15 ans, il se fait connaître en jouant dans le groupe local The Apollos, quelques années avant d'intégrer le fameux Super Rail Band de Bamako en tant qu'instrumentiste puis chanteur, après le départ de Salif Keïta en 1973. Rencontrant un vif succès sur le continent, il entreprend de moderniser les airs traditionnels en y insufflant des rythmes occidentaux et, malgré la désapprobation des anciens, il électrifie sa kora.
Dès 1987, il fait danser le monde entier avec son « Yéké Yéké », issu de son cinquième album, Akwaba Beach. Premier Africain à avoir vendu 1 million de singles, récompensé par une Victoire de la musique en 1988, il ne cessera de tourner à travers le monde. Installé à Conakry, il est aujourd'hui un mécène pour de jeunes artistes - il possède une salle de spectacle et deux studios d'enregistrement - et prépare une série de concerts. Tout en espérant qu'un futur « Yéké Yéké » se révèle parmi les titres de La Guinéenne.