Tandis que de-ci de-là on se souvient, 30 ans après, de la marée noire provoquée par l’Amoco Cadiz au large de Portsall, l’association Robin des Bois dresse un inventaire des sites de stockage de tout ce fuel lourd récupéré par les volontaires, leurs pelles et leurs seaux après chacune des catastrophes. Les noms reviennent en mémoire, des images aussi, comme le cul du Prestige dressé au large de La Corogne dans sa mare de pétrole gluant.
Les conclusions du rapport de Robin de Bois, reprises par les sites Actu Environnement et Enviro2be , me choquent sans me surprendre vraiment. Comment dire … Savoir que les sites d’enfouissement n’ont jamais été nettoyés en quarante ans (sauf un, à La Rochelle), me met dans une colère aussi noire que les marées du même nom, qui, faut-il le rappeler, sont autant sinon plus causées par l’appât du gain d’armateurs véreux et de compagnies pétrolières qui ne voient pas plus loin que la prochaine station d’essence, que par le mauvais temps fort banal dans l’Atlantique nord en hiver. Colère, donc, mais sans vraie surprise. Le souci de l’environnement et de la santé des hommes n’est pas la priorité des pétroliers, bien qu’ils s’en défendent. Il serait d’ailleurs très bien venu qu’un ou une documentariste de la trempe de Marie-Monique Robin, qui a réalisé un fantastique travail sur Monsanto (la semaine dernière sur Arte), s’attaque à une de ces firme et prennent le problème à bras-le-corps et dans sa globalité (si ce travail existe, faites-le moi savoir).
C’est ainsi, toujours selon l’association Robin des Bois, qu’environ 80 sites de stockage sont encore planqués en France. Plus d’un tiers de ces déchets sont déposés en Bretagne, et ça me fait mal au cœur. On planque, on camoufle, et la merde noirâtre s’infiltre dans les nappes phréatiques. Vous reprendrez bien un verre d’eau, ça désaltère !
Et les pétroliers dans tout ça ? ils promettent. De nettoyer. De payer. De rendre tout beau tout propre. Petite expérience en cours : lors du chargement d’un pétrolier dans la raffinerie de Donges, hier, un tuyau s’est mis à fuir. C’est bête un tuyau. 400 tonnes de fuel dans la nature, entre berges écologiquement fragiles et estuaire. La première préoccupation qui apparaît en lisant la dépêche Reuters telle qu’elle est reprise par Le Point , c’est de faire le point sur le fonctionnement de la raffinerie : tout va bien mes chéris, elle n’a rien, pas une tâche, nickel, elle peut continuer à fonctionner. Mais on note que le délai de réaction a été lent (le ministre de l’écologie lui-même s’en inquiète). Mais de quoi se plaint-on, puisque Total va payer ! Envoyer la monnaie ! Après tout, c’est pas grave de tout détruire quand on a les moyens de payer un réparateur. Envoyez le message aux poissons ! Petite expérience, disais-je : dans combien de temps tout sera redevenu “comme avant” ?