Magazine Société

Dominique Rolin est morte

Publié le 15 mai 2012 par Lauravanelcoytte

Par Astrid Eliard Publiéle 15/05/2012 à 14:52

Remarquée par Jean Cocteau, prix Femina en 1952 pour Le Souffle, la romancière est décédée mardi, à l'âge de 99 ans. Elle avait révélé, en 2000, au grand public, sa liaison secrète avec Philippe Sollers.


Dominique Rolin est née en 1913, à Bruxelles, dans une famille où l'on vit très vieux, disait-elle, comme pour expliquer sa longévité. Elle voulait vivre jusqu'à l'an 2000, rien que pour écrire sur une page blanche cette date magique et fascinante du 1er janvier 2000, une date qu'elle a largement dépassé. Dans sa famille, Dominique Rolin n'est pas une romancière isolée. Son grand-père maternel, Léon Cladel, était écrivain, et sa tante, Judith Cladel avait siégé au jury Femina. Après des études aux arts déco, elle avait le coup de crayon pour être illustratrice, mais elle devient bibliothécaire à l'Université Libre de Bruxelles. Elle a affaire à des lecteurs qui se déplacent plus pour sa beauté, ses yeux, dont Blaise Cendrars disait qu'ils étaient implantés comme ceux des crocodiles d'Amazonie, que pour les livres. En 1935, Dominique Rolin a vingt-deux ans, elle publie sa première nouvelle dans une revue, Le repas de famille. On y décèle déjà la nécessité de décomposer le puzzle familial, d'explorer les rapports entre parents, frère et sœur, père et fille, mère et fille. Elle transforme l'essai en écrivant un roman, qui paraît d'abord en feuilleton dans le journal Cassandre, et que les éditions Denoël acceptent de publier en 1942. À trente ans, Dominique Rolin a raté son mariage avec le poète Hubert Mottart, avec qui elle a une fille, Christine, mais fait une entrée triomphale en littérature. L'année où Albert Camus publie L'Étranger, on la découvre avec Les Marais, un roman salué par Cocteau et Max Jacob, qui écrit, trompé par l'androgynie de son prénom: «Monsieur, vous avez, vous et vous seul, compris ce qu'est la beauté et la création.» Les Marais, qui sape les rapports de force familiaux, a traversé un demi-siècle sans jamais se faire oublier, à l'instar de son auteur.

En 1947, elle rencontre le peintre et sculpteur Bernard Milleret, avec qui elle vit un amour fou, trop vite interrompu par la maladie et la mort. Dominique Rolin publie avec une grande régularité, un livre tous les deux ans. Elle ne cherche pas la célébrité, et elle a beau vivre en plein cœur de Paris, rue de Verneuil, elle revendique sa solitude, loin de la «marmite sociale».

Peu importe que ses livres plaisent ou déplaisent, qu'ils trouvent ou non des lecteurs. Certains lui assurent le succès, commeLe Souffle qui obtient le prix Femina en 1952, d'autres passent inaperçus, ce qui n'est pas pour la gêner, elle qui aime le secret.

Dominique Rolin tait les drames et les bonheurs de sa vie, en même temps qu'elle en nourrit ses livres. Ainsi, elle vie une passion secrète avec Philippe Sollers, de vingt-trois ans son cadet, qu'elle nomme Jim dans ses romans. L'an 2000 qu'elle attendait tant, met fin à la clandestinité de cette relation. Bernard Pivot invite sur son plateau les deux amoureux pour qu'ils passent aux aveux: l'une publieJournal amoureux, l'autre Passion fixe, deux livres qui réfléchissent leur liaison cachée. Dominique Rolin a voué sa vie entière à la littérature, elle a écrit sur ce qu'elle était, trouvant matière dans ses rêves, ses amours, la maladie, la mort. Elle disait être «un bloc romanesque constant».

http://www.lefigaro.fr/livres/2012/05/15/03005-20120515AR...


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Lauravanelcoytte 220 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine