- Actes Sud - Babel -
- Traduit du russe par André Markowicz -
Marina Ivanovna Tsvetaïeva est une poétesse russe à la vie douloureuse, au destin tragique. Elle naît en 1892 à Moscou. Son premier recueil poétique est publié dès 1910. Elle rencontre alors et fréquente les poètes russes de sa génération. En 1922, Marina épouse Sergueï Efron dont elle a deux filles, Ariadna ( 1912 ) et Irina ( 1917 - elle ne vivra que 3 ans, victime de malnutrition, des conditions éprouvantes de cette époque de guerre ). Marina intègre le milieu théâtral, y vit des amours et des amitiés passionnées. Se décidant à l'exil, elle quitte la Russie en 1922 et rejoint son mari à Berlin. Cette même année, la famille s'installe en Tchécoslovaquie. Début 1925 naît leur fils Guéorgi. Ils partent fin octobre pour Paris, y vivront, ainsi que dans sa région jusqu'en 1939 où ils font face à une situation financière toujours difficile. En plus de l'écriture poétique, Marina publie des essais, des mémoires et des traductions. En 1937 son mari ( qui travaillait pour les services secrets soviétiques ), accompagné de sa fille, rentre en URSS. Marina reste seule en France avec son fils jusqu'en 1939 où elle obtient enfin l'autorisation de retour mais juste après son arrivée, sa fille ainsi que son mari sont arrêtés et déportés. Isolée, elle rencontre Anna Akhmatova en 1940, subissant comme elle les persécutions du régime stalinien. L'année 1941 sera celle de la tragédie : Marina Tsvetaïeva se suicide, son fils s'enrôle dans l'armée ( tué en 1944 ), Sergueï est éxécuté.
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- source image ( et pour lire les hommages d'auteurs et de poètes ) : esprit nomade -
- Sa fille Ariadna Efron ( décédée en 1975 ) a écrit un livre de mémoires sur sa mère, a consacré sa vie libre ( ce ne sera qu'à partir de 1955 ) à la diffusion de son oeuvre. Ce livre est publié en français depuis 2008 par les éditions des Syrtes -
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" Amour pour ceux qui sont - maudits. "
Dans ce court essai, scandé par des vers, intitulé Mon Pouchkine, Marina Tsvetaïeva revient sur son enfance, son éveil à la littérature, les premières images, et raconte un art poétique. Parce que quand Marina Tsvetaïeva écrit, c'est toujours poésie.
Ce sont ses souvenirs du temps où l'on la nommait Moussia, souvenirs sous la figure tutélaire de Pouchkine, c'est la Russie du tsar, c'est l'héritage, le mythe fondateur d'une enfant précoce, sensible. Elle évoque Moscou, sa famille, se remémore ces moments qui laissent des traces, des éblouissements et des ombres. D'abord, le poète, c'est cette grande statue au bout du boulevard de promenade, lieu de jeux et d'expériences sur le monde avec le monument pour référent, et c'est ce tableau de Naumov - Le Duel - dans la chambre de sa mère. Puis, ce sont les premières lectures, interdites, une représentation d'Eugène Onéguine jusqu'au Pouchkine d'anthologies scolaires, le Pouchkine national.
" L'oisillon de Dieu ignore
Les travaux et les soucis,
Il ne tresse ou ne décore
Un durable et tendre nid. "
( - Les Bohémiens - A. Pouchkine - )
" Cet oisillon, c'est la liberté du poète. Que pensent de cet oisillon-là les lucides écoliers de la Russie soviétique ? "
Ce récit, ce sont les émotions d'avant, une intensité émouvante et une re-connaissance magnifique, un hommage, une passion, une vision. Celle d'un regard poétique sur le monde.
" le vers, le seul espace qu'en nous jamais ne fermera l'adieu. "
- En fin d'ouvrage, des poèmes de Pouchkine traduits en français par Marina Tsvétaïeva -
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- Le Duel d'Alexandre Pouchkine avec Georges d'Anthès - Alexander Naumov -
" D'Anthès a provoqué Pouchkine en duel, c'est-à-dire qu'il l'a attiré sur la neige, et là, près des arbustes noirs et nus, il l'a tué. Sur Pouchkine, j'ai d'abord appris qu'on l'a tué. [...] Noire et blanche, sans nulle autre couleur, la chambre de ma mère; noire et blanche, la fenêtre : la neige contre les branches de ces arbustes, et ce tableau Le Duel - du noir contre du blanc, ou sur la neige blanche on accomplit une chose noire, une chose éternelle et noire, où la foule, le noir tout noir, assassine - le poète. Pouchkine fut mon premier poète, et, mon premier poète, on l'a assassiné."
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Un poème de Marina Tsvetaïeva :
Les nuits sans celui qu’on aime — et les nuits
Avec celui qu’on n’aime pas, et les grandes étoiles
Au-dessus de la tête en feu et les mains
Qui se tendent vers Celui —
Qui n’est pas — qui ne sera jamais,
Qui ne peut être — et celui qui le doit…
Et l’enfant qui pleure le héros
Et le héros qui pleure l’enfant,
Et les grandes montagnes de pierre
Sur la poitrine de celui qui doit — en bas…
Je sais tout ce qui fut, tout ce qui sera,
Je connais ce mystère sourd-muet
Que dans la langue menteuse et noire
Des humains — on appelle la vie.
Extrait du recueil Le ciel brûle – traduit du russe par Eve Malleret et Pierre Léon – Poésie Gallimard
- Sur ces pages, d'autres poèmes de Marina Tsvetaïeva ICI -
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