Chateaubriand 's not dead

Publié le 14 mai 2012 par Poch

Je cite :

Pourquoi ai-je survécu aux siècles et aux hommes à qui j'appartenais par la date de ma vie? Pourquoi ne suis-je pas tombé avec mes contemporains, les derniers d'une race épuisée? Pourquoi suis-je demeuré seul à chercher leurs os dans les ténèbres et la poussière d'une catacombe remplie? Je me décourage de durer. Ah! Si au moins j'avais l'insouciance d'un de ces vieux arabes de rivage, que j'ai rencontré en Afrique? Assis les jambes croisées sur une petite natte de corde, la tête enveloppée dans leur burnous, ils perdent leurs dernières heures à suivre des yeux, parmi l'azur du ciel, le beau phénicoptère qui vole le long des ruines de Carthage, bercés du murmure de la vague, ils entr'oublient leur existence et chantent à voix basse une chanson de la mer : ils vont mourir.

Chateaubriand - Mémoires d'outre-tombe

C'est à l'occasion de quelques heures passées dans la cité malouines que j'ai redécouvert Chateaubriand qui était presque sorti de ma conscience. À trop cherche on ne trouve pas. Il suffit un instant de regarder l'évidence en face pour qu'elle se révèle. La difficulté consiste à se positionner dans l'axe. Tout ça pour dire qu'on lira ou relira Chateaubriand à profit afin de sentir une époque s'écrouler et laisser place à des temps nouveaux qui eux même tiennent leur place dans le grand Cycle.