Dix-neuf heures
Il n’est qu’une petite nuit
comme celle-ci tôt arrivée
qui puisse montrer
qui arrive par ces rues
creusées dans la pâte noire.
Des badauds de charbon, des
formes de bronze
clair, des silhouettes pressées
éclairées et passagères, et
ces lueurs intermittentes qui
montent en épingles partout
tandis que brûlent
les feux pâles des voitures
incertaines et monte cette silencieuse
habitude à croire que tout
est réel.
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Nulle part
La fin d’une route conduit
toujours en dehors du monde.
Le ton de ta voix s’obscurcit,
nul ne nous sera d’aucun secours.
La rivière passe en contrebas,
nous ne la voyons pas. Elle emporte
nos paroles et l’espoir d’exister
est une tentative pour essayer de les rattraper.
Paru dans Les tas de mots, n°8, p.9, printemps 2012.
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Ta voix seulement
Ta voix seulement
les allées borgnes, les parcs
fixés au ciel, sur la terre
ta voix. La robe
des arbres blancs dans
le souvenir. Que fait
ce qui a pour habitude
de passer entre les branches
et d’ignorer
ta voix plus vaste
que ce modique point d’attente.
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Limites
Il y avait autre chose, hors-cadre,
loin de ce carton que tu m’envoyais.
Peut-être l’avais-je entraperçu :
un poème dans l’arbre ou alors
un ciel entier dans le quotidien. Rien
ne tient s’il s’agit d’en faire le portrait.
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Padre
Les vitres sont bien celles qui nous
séparent du monde. De ce côté
tu meurs. De l’autre, serai-je assez vivant
pour parvenir à accepter une telle dérive des êtres
l’absence aux rives du détroit
que ne relie aucun bateau même imaginé.
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Déplacement
Au départ, les tramways sont-ils courts. Ils
n’ont plus ce souffle sur le quai
où l’on attend.
Une vieille mélodie électrique
surgit des rails. Les visages
et les mains se précipitent.
Les tramways s’allongent-ils alors
une fois remplis. Un bref anévrisme
de l’hiver est dû sans doute à un dysfonctionnement
latéral du matin qui se croyait entré
dans l’été avec tous ses voyageurs.
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Recueil de Fabrice Farre ” Les chants sans voix “, Editions “Encres Vives”.
Voici mon recueil de poésies, Les chants sans voix, aux Editions ” Encres Vives “, 2012.
Le silence et le mot, l’un et l’autre sont à écouter. C’est un chant autobiographique, humain qui existe – dans la ville comme à l’intérieur de soi – prêt à prendre chair ou à disparaître. En tout, vingt-deux textes, 16 pages, en format A4.
Pour vous procurer ce recueil, vous avez la possiblité de vous adresser à l’auteur, contact
Ou bien l’éditeur, Michel Cosem, se fera un plaisir de prendre en compte votre demande à : ENCRES VIVES, 2 Allée des Allobroges – 31 770 COLOMIERS.
Prix : 6,10 € (hors port).
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Le site de Fabrice Farre