C'est le grand retour de "Shake les princesses", et j'invite celles (mais aussi ceux) qui le souhaitent à venir disserter sur les princesses ([email protected]). Kielut vient converser sur son rôle de princesse en nous donnant une bien jolie leçon de savoir-vivre.
Caresse Parfait.
Je suis née princesse. C'est ainsi.
Une jolie frimousse, de l'aisance dans les études et... une petite santé qu'il faut toujours, aujourd'hui, couver. Mes parents s'y employèrent tant et si bien que je ne doutais pas être le centre du monde.
Ce court enchantement cessa brutalement avec l'école obligatoire, empesée des injonctions paternelles. Je n'en demeurais pas moins princesse en mon for intérieur, car Barbie devint ma meilleure ennemie, pour la vie. Sa carosserie siliconée, accompagnée par le Ken à moumoute ou le caniche de shopping m'insupportent jusqu'à l'étouffement.
L'âge adulte rétablit mon titre, affublé d'un adjectif peu flatteur. "Princesse chieuse". Je tiens à remercier les potes de l'époque qui me décernèrent ce surnom, hélas, réaliste. Quand j'avais une coupe de trop derrière le diadème, je lançais des piques cinglant les défauts de mes camarades de beuverie.
L'amour du bon champagne et mon mauvais esprit m'interdirent le bal des débutantes et les meilleurs partis à épouser. Je vaincus maintes aventures avant de trouver soulier à mon pied plat. C'est donc à un âge avancé que je donnai naissance à un vigoureux poupon qui hérita du meilleur de mon patrimoine génétique.
Las, je devins une mère souillon. Que me jette la première teuteute le parent qui n'a jamais découvert du vomi, de la morve ou du merdouillis de nourrisson sur sa tenue de ville. Par chance, tandis que l'infant grandissait avec les années, la hauteur de mes talons suivait sa courbe de croissance.
Survint un méchant coup du sort. Je ne me souvins plus dans quel palais je résidai, mon gabarit s'arrondit au diamètre d'une reine mère, ma légimité fut remise en question. Ma persévérance surmonta l'adversité, mais mon physique était marqué, à jamais, par la houle du temps. Pour me ménager, je confiais quelques taches domestiques à des sous-traitants compétents.
Qu'importe, je dicte l'art de déguster les thés verts en société, ce depuis des décennies. Mon ambition ne s'arrête pas là. En princesse accomplie, je rédige un dress-code sur la mode rétro et futuriste pour celles qui exigent de viellir avec style... Bien cher Shaker, je vous suis infiniment reconnaissante de m'avoir offert cet espace de savoir-vivre dans un monde de brutes.