Peinture toujours pour ce deuxième volet des « Rencontres en Chine du Sud » de mai, consacré à Pascal Maljette, peintre et photographe français résidant en Chine depuis huit ans, qui expose actuellement avec la Galerie du Monde à Macau dans le cadre du French May. J’ai rencontré Pascal pour la première fois l’an dernier lors de son expo « Thank You China » au Redtory. Depuis l’entrée de la salle j’ai été aspirée par le mur du fond où étaient présentée une série de photos en noir blanc et rouge, et par l’une d’elle en particulier dont je ne pouvais me détacher. Excepté pour le tableau ci-dessus qui me coupe le souffle chaque fois que je le revois. Sur le chemin entre la photo et le tableau j’ai croisé l’artiste, plutôt timide, et ai découvert très vite que non seulement il était chti, mais qu’en plus il le parlait et surtout l’écrivait au moins aussi bien que moi. Normal, il a grandi à Lens, « La Mecque » du chti comme il se plait à le dire. Et la ville du « sang et or », rouge et jaune, couleurs de la Chine : un hasard ?
Merci Pascal pour ce bon moment d’échange et d’amitié, à la chti avec les petits qui cavalent dans toute la maison et une Minikate qui revient discrètement : « Maman maman; chut, j’ai vu un tableau avec des fesses et des écritures chinoises dessus en bas de l’escalier »
Quel est ton parcours Pascal, comment es-tu arrivé en Chine ?
Je suis venu en Chine pour la première fois en 2004, dans un contexte professionnel. Je pratiquais la peinture et la photo en amateur n’étais pas encore vraiment dans l’art à l’époque, même si mon métier avait une dimension artistique importante. Ce premier voyage a été décisif, puisque c’est en Chine que m’est apparue la nécessité de faire passer l’art en priorité. Moi qui ai acheté des couleurs et peint pour la première fois parce que j’avais besoin de décorer les murs blancs d’un nouvel appartement j’avais envie de voir ce que je pouvais réellement faire, où tout cela pourrait m’emmener. La Chine s’est imposée à moi, et je suis revenu très vite m’installer dans le Guanxi après ce premier séjour, dans une volonté de déconnexion la plus totale par rapport à ma vie en France. La Chine était le pays qui me semblait le moins facile d’accès du point de vue de la culture, du langage, et j’avais besoin de cette déconnexion pour « chercher l’art ». Est alors sorti ce qui était en gestation depuis des années, et j’ai fait ma première exposition à Paris en 2006. J’y expose régulièrement depuis, et travaille depuis trois ans avec la Galerie du Monde à Hong Kong qui me représente en permanence, en plus d’expositions temporaires en Chine.
Dans quelle mesure la Chine influence-t-elle ton travail ?
J’essaye de traduire mes émotions dans mes toiles et mes photos, d’y faire passer ce que je comprends, ce que je ressens. Tout cela est fortement influencé par le contexte dans lequel j’évolue ; je dirais que la Chine déteint sur moi. Je travaille régulièrement sur certaines thématiques très symboliques, comme celle des « gamines », qui sont l’avenir de la Chine, ou celle des « gens vus de dessus », qui représentent un monde auquel on n’appartient pas toujours.
Comment fais-tu coexister peinture et photographie ?
Les deux sont indissociables et ne se mélangent pas. C’est comme boire et manger, deux choses différentes mais tout aussi indispensables. Il m’est possible de travailler sur des thèmes communs, comme celui de l’individu par exemple.
Mes photos montrent parfois un côté brutal de la Chine où tout se percute, le passé, le présent et le futur. Mais elles montrent aussi et surtout que l’on peut trouver de l’art et de la noblesse de vie partout. Il y a 36 manières de montrer que la Chine est belle sur plein de plans, et souvent sur des points que nos cultures occidentales ont tendance à perdre ou mettre de côté, comme le bon sens ou la valeur des choses. Une photo, même triste ou dure, montre le côté noble des choses y compris dans la vie quotidienne. Mes images et mes toiles sont toutes « positives », il est important de le savoir pour bien les interpréter.
Avec la série de photos en noir, blanc et rouge j’ai souhaité souligner que le rouge, symbole du bonheur, est toujours présent, même par petites touches. Je travaille à partir de photos couleur, garde le rouge tel qu’il est et dessature le reste de l’image pour la présenter en noir et blanc.
Es-tu un artiste voyageur, as-tu beaucoup bougé en Chine ?
J’ai un peu voyagé, notamment à plusieurs reprises dans le Dong Bei (Nord-est) cet hiver, et toujours pour la photo plutôt que la peinture. J’ai la chance de trouver le dépaysement en bas de chez moi, et ressens moins le besoin de voyager pour l’instant.
Quels sont tes projet actuels ?
Je continue à développer les thèmes qui me sont chers, celui des jeunes filles ou de la foule vue de dessus par exemple, et travaille depuis un an sur une nouvelle série de toiles, qui représentent le corps féminin tatoué. Le tatouage est alors un moyen pour la femme de s’exprimer, de dire ce qu’elle n’exprime pas toujours clairement. Ce sont des caractères chinois juxtaposés, et tous sont imaginés.
Peux-tu nous parler de l’exposition en cours à Macau ?
Elle est organisée du 3 au 31 mai dans le cadre du French May par la Galerie du Monde, qui me représente toute l’année. L’exposition rassemble peintures à l’huile et photos, et les photos en noir blanc et rouge sont extraites de l’exposition Photo Fever qui a eu lieu en novembre 2011 à Paris. Les toiles sont organisées en trois ensembles : « A tribute to Chinese traditionnal painting », « Made in China »,et »FOOOOOL ». La photo et le tableau ci-dessous y sont exposés.
Galerie du Monde, Shop 1220a, Level M, The Shoppes at Four Seasons, Cotai Strip, Macau ; 11h30 à 20h30
fineart@galeriedumonde.com