Comme chaque année, se tenait au début de la semaine, à San Francisco, une nouvelle édition du FinovateSpring, un événement qui nous donne l'occasion de faire le point sur les dernières tendances de l'innovation dans les services financiers. En l'absence de nouveauté révolutionnaire, ce cru ne restera pas dans les annales mais voici tout de même quelques idées à retenir.
Une fois écartées les solutions peu originales ou déjà connues, notamment certaines présentées ici récemment, les domaines de prédilection des startups sélectionnées comprennent principalement : le PFM, la gestion de coupons et l'éducation ludique (qui constitue un peu la surprise du lot).
Tout d'abord, côté gestion de budget et PFM, le sentiment qui domine est celui de l'essoufflement à trouver des moyens de renouveler le concept et de la difficulté à se différencier dans un secteur qui devient décidément très encombré.
Personal Capital, qui tentait déjà de se distinguer en intégrant gestion de comptes et de portefeuille, ajoute maintenant un dispositif d'envoi de chèque par mobile dont la pertinence ici est pour le moins discutable. MoneyDesktop, de son côté, joue la carte des coupons de réduction ciblés tandis que iQuantifi veut transformer la présentation du budget en adoptant une visualisation en "timeline" inspirée de Facebook et, surtout, insiste sur l'importance de développer une offre de conseil, complémentaire de la seule restitution graphique d'information dont se contentent bon nombre de ses concurrents.
Le marketing des coupons et autres offres promotionnelles souffre lui aussi d'un manque de créativité, lorsqu'on découvre 3 nouvelles solutions "liées à la carte" (la réduction est attribuée automatiquement à un achat qualifié payé avec la carte enregistrée) – Edo Interactive, Affinity Solutions et Linkable Networks – qui signalent la popularité croissante de cette approche mais sans rien lui apporter de nouveau.
Dans ce paysage un peu terne, une société tire cependant son épingle du jeu, bien qu'elle ne s'inscrive pas tout à fait dans le modèle "classique" des coupons. En effet, Giftly cible plutôt le secteur des cartes cadeaux mais elle adopte les mêmes techniques d'attachement "transparent" à une carte de paiement pour un objectif plus original.
A mi-chemin entre le cadeau classique et le bon d'achat utilisable pour n'importe quelle dépense, le système de Giftly permet de personnaliser l'intention, tout en fonctionnant à distance (via internet) et sans complications. Pour ce faire, l'acheteur prépare son "coupon" en ligne, sur le site de la startup, en indiquant le montant à offrir et le lieu où il peut être utilisé. Le bénéficiaire, notifié par mail, SMS ou via Facebook, va lier sa carte bancaire au cadeau qu'il vient de recevoir. Dès qu'il réalise un achat dans le commerce désigné, le montant dépensé lui est remboursé.
Dans le domaine de la ludification, l'originalité n'est pas toujours au rendez-vous mais les cibles très variées, toujours à des fins éducatives, démontrent l'ébullition actuelle. Relativement classiques, CoIndexter propose un environnement très graphique pour éduquer les enfants à l'argent quand Wall Street Survivor est un jeu destiné à apprendre les ficelles de l'investissement et des marchés d'action. Plus original mais certainement réservé à une niche d'utilisateurs, Portfolio Football exploite des analogies sportives pour faciliter la gestion de budget et transforme ainsi le PFM en expérience ludique. Enfin, pour un public très différent, BankersLab lance CreditLab, un jeu de simulation pour les formations au risque de crédit dans la banque de détail...
En dehors de ces thèmes majeurs, et parmi les quelques rares solutions de sécurité présentes, Behaviosec faisait une démonstration intéressante avec Behavio Mobile. Il s'agit d'un produit d'authentification forte, biométrique, présentant l'avantage de ne requérir aucun équipement particulier.
La technique adoptée consiste à analyser le comportement de l'utilisateur, de manière non intrusive, dans sa manipulation de l'appareil : pression, glissements des doigts, angles d'approche, modes et séquences de frappe au clavier (virtuel)... Toutes ces caractéristiques sont uniques pour chaque personne et permettent de détecter une utilisation frauduleuse d'une application.
La technologie de Behaviosec est suffisamment sérieuse pour avoir, selon ses dirigeants, séduit toutes les banques scandinaves...
Pour conclure, le fait le plus marquant de ce FinovateSpring est commun à tous les thèmes abordés : une grande partie des jeunes pousses en lice veulent convaincre les banques d'intégrer leurs produits dans leurs services en ligne. Cette tendance concerne ainsi, assez logiquement, les solutions de PFM (MoneyDesktop), les outils ludiques et éducatifs (CoIndexter, SocialMoney) ou encore les nouvelles offres de paiement (Dwolla). A l'extrême, Thomson Reuters lance même un App Store (rappelant celui, ancien, de Yodlee), où les institutions financières pourront sélectionner les applications web et mobiles qu'elles souhaiteront intégrer à leur offre.
Mais lorsque des sociétés telles que Whatzon (plate-forme de gestion personnelle de la consommation d'énergie) ou CoverHound (comparateur d'assurances) suivent la même stratégie, la logique pose question.
L'enseignement à tirer de cet engouement est néanmoins flatteur : la banque en ligne (et bientôt mobile) est un "lieu" de l'internet dont l'attractivité est en voie de reconnaissance et sur lequel les établissements peuvent capitaliser pour proposer de nouveaux services à destination de leur clientèle.