L'étude menée par Jason P. Mitchell professeur agrégé à Harvard et une ex de ses étudiante en psychologie, Diana I. Tamir montrent que 30 à 40% de notre expression orale consiste à informer les autres de ses propres expériences subjectives et donc à parler de soi. Nous passerions ainsi près de la moitié de « notre temps de parole » à raconter une histoire dans laquelle nous sommes le personnage central. Les deux auteurs ont donc entrepris une série de 5 études pour comprendre pourquoi.
Leurs études révèlent que nous prolongeons souvent nos récits sur nous-mêmes pour éviter de parler des autres et pour garder l'attention de la conversation sur nous-mêmes. Alors que dans l'une de leurs expériences, les chercheurs proposent aux participants de l'argent pour parler d'autres personnes, cela ne les empêche pas de révéler des informations personnelles, même sans rapport direct avec le sujet.
Au centre, le système de récompense et de plaisir: Lorsqu'ils suivent l'activité du cerveau de certains participants et lorsque ces participants sont en train de parler d'eux-mêmes, les chercheurs constatent une activité accrue dans le système dopaminergique mésolimbique -formé de neurones qui synthétisent la dopamine-, une zone du cerveau dévolue à l'affectivité, qui s'active aussi pendant les rapports sexuels. Cette zone est au centre de processus de récompense, c'est-à-dire des processus biologiques qui participent à la sensation subjective du plaisir, en réponse à différents stimuli comme la nourriture, le sexe, la musique, ou les drogues. Bref, parler de soi, fait définitivement et biologiquement partie des sources de plaisir pour la majorité d'entre nous.
Source: The Harvard Crimson- News « What's Better Than Sex? It Could Be Talking » (visuel © contrastwerkstatt - Fotolia.com)