Les annonces d’invités pour la prochaine Japan Expo s’enchainent depuis plus d’un mois à une vitesse de plus en plus élevée. J’ai donc voulu vous permettre d’y voir un peu plus clair, avec une présentation quasi-exhaustive – et par épisode – des artistes de l’évènement. Pour l’instant, voici déjà la liste des invités à la mi-mai :
- Manga : Naoki Urasawa, Tetsuya Saruwatari, Moto Hagio, Rei Toma, Ein Lee, Toshio Maeda
- J-music : Flow et Hemenway, que nous avons déjà évoqué ici, mais aussi Man with a mission, Momoiro Clover, VIRGO aka Hammer, Kohei Tanaka, Junko Iwao, Anli Pollicino, Daizy Stripper, Professeur Sakamoto. Un premier planning des concerts a été établi cette semaine, vous pouvez le consulter chez Doko.
- Japanimation : Makoto Shinkai
- Jeux vidéo : Keiji Inafune
- Japon, culture et mode : Kyary Pamyu Pamyu.
- Autres : Alexandre Astier à Comic Con
Aujourd’hui, nous parlerons en détail des invités manga. Une catégorie bien remplie où l’on retrouve du seinen (Naoki Urasawa, Tetsuya Saruwatari), du shôjo (Moto Hagio, Rei Toma), du kodomo (Ein Lee) et même du hentai (Toshio Maeda)… Je sais que nous avons encore un invité seinen qui ne devrait plus tarder à être annoncé mais c’est du côté shônen que le mystère reste entier. En attendant, voici les informations sur ces mangakas !
Bonne lecture
Invité d’honneur : Naoki Urasawa
Né à Tokyo le 2 janvier 1960, Naoki Urasawa est diplômé en économie et, depuis le lycée, il partage son temps libre entre le dessin et la musique. En 1982, il reçoit le prix du meilleur jeune mangaka de la Shōgakukan. Il y travaille comme assistant puis y publie son premier titre de science-fiction, Beta, en 1983. Suivent ses premiers succès comme Pineapple Army, Master Keaton ou Yawara! qui est adapté sur de nombreux supports (anime, film et jeu vidéo). Puis vient Happy!, dont je vous ai déjà parlé ici.Par la suite, Urasawa passe à un registre plus personnel. En 1995 sort Monster, un thriller psychologique beaucoup plus sombre que ses œuvres précédentes. Véritable succès, cette série est adaptée en anime puis au cinéma, et elle est primée à plusieurs reprises en France et à l’étranger. En 2000, il publie 20th Century Boys, qui connait un énorme succès qui reçoit chez nous le prix de la série au Festival d’Angoulême en 2004.
En 2007 il commence Pluto, mixant SF et policier et adapté de Le robot le plus fort du monde, un passage du manga Astro, le petit robot (Tetsuwan Atom) de Tezuka. Là encore de nombreux prix au Japon et en France : l’ACBD lui décerne le prix Asie lors des Japan Expo Awards en 2010. L’année suivante, il reçoit le Prix intergénérations du Festival d’Angoulême. Vous pouvez en savoir plus sur le titre via l’article qui lui est consacré ici.
Depuis qu’il a terminé 20th Century Boys et Pluto, Naoki Urasawa se consacre à Billy Bat qui est sorti chez Pika en mars dernier. Je vous reparle d’Urasawa prochainement, grâce à l’excellente monographie qui lui est consacré : L’air du temps. Autre évènement de taille : vous aurez l’occasion de le découvrir guitare à la main, en duo avec le groupe Hemenway, pour un concert qui s’annonce unique !
Invité Kazé Manga : Rei Toma
Née un 11 mars (pas drôle comme date d’anniversaire) dans la préfecture de Chiba, elle débute en 2006 avec S no Yuiitsu M no Zettai chez la Shōgakukan. Une maison où elle poursuit sa carrière depuis avec 6 shôjos à son actif, publiés dans le magazine Cheese!. Des titres orientés vers la comédie et la romance, dans différents cadres comme la vie scolaire ou l’épopée d’une princesse dans un monde de fantasy.C’est le cas de L’Arcane de l’aube, publié pour la première fois en 2009 au Japon et qui parait en France chez Kazé Manga depuis avril 2011. Avec 9 tomes au Japon et plus d’1,2 millions d’exemplaires vendus, les aventures de Nakaba, princesse aux pouvoirs mystérieux, remporte un vrai succès au Japon mais aussi en France (élu meilleur shôjo 2011 chez Manga News).
La série mêle les codes de la fantasy à ceux du shôjo et entraîne le lecteur dans une intrigue sombre où les « non-humains » côtoient la magie. L’héroïne fait face aux tragédies de son passé, tout en apprenant à vivre avec l’ennemi héréditaire de son peuple, le Prince Caesar, son époux. Le tome 6 est sorti en France le 21 mars dernier et on attend le 7ème pour la Japan Expo.
Invité Tonkam : Tetsuya Saruwatari
Né le 25 juin 1958 dans la préfecture de Fukuoka, Tetsuya Saruwatari s’intéresse très tôt aux arts martiaux ainsi qu’au cinéma américain et de Hong Kong. Après avoir arrêté l’école au lycée, il a travaillé comme assistant de Shinji Hiramatsu (qui fut le maître de Buronson) et Hiroshi Motomiya (Je ne suis pas mort). D’un tempérament très travailleur, il est capable de rendre plus de 350 pages en un mois et se documente scrupuleusement pour assurer le réalisme de ses œuvres. Il regarde donc 3 à 4 matchs par mois afin de perfectionner ses scènes de combat.Sa première histoire, Umi no Senshi, est publiée dans le Shonen Jump mais c’est avec Dog Soldier qu’il rencontre le succès. Cependant, il est surtout pour connu pour son manga publié chez Shueisha au Japon et chez Tonkam en France : Tough, une série achevée et publiée au Japon de 1994 à 2003 (soit 42 volumes). La suite de la série s’intitule Free Fight -New Tough et compte 36 tomes.
Cette seconde saison est toujours en cours au Japon, et Tonkam sort la semaine prochaine le 30ème volume dans l’hexagone.
Invité nobi nobi ! : Ein Lee
Née en 1991, Ein LEE partage son temps entre ses études et sa grande passion : le dessin. Cette jeune Taïwanaise s’est d’ailleurs rapidement fait une renommée au sein du réseau social et artistique DeviantArt. Elle a remporté le prestigieux Royal Over-Seas League’s Young Artist Competition qui lui a valu d’être exposée à Londres.Elle signe à tout juste 18 ans son premier livre, Princesse Pivoine, aux éditions nobi nobi !, qui connaît très vite un beau succès en France. En 2011, elle illustre un conte incontournable de la culture traditionnelle japonaise : Le Secret de la grue blanche.
Ses préférences et influences de l’artiste sont extrêmement variées : The Simpsons, Rose of Versailles, Neon Genesis Evangelion, Samurai Champloo, Avatar, Gundam 00, Fruits Basket, Rurouni Kenshin et Camp Lazlo.
La semaine prochaine nobi nobi ! publie le troisième titre d’Ein LEE : La Princesse au bol enchanté, un conte nippon dont je vous reparlerais certainement. Autre bon point : la dessinatrice arrive en France avant Japan Expo pour découvrir son public, une bonne idée pour prendre le temps d’aller à sa rencontre en dehors de la foule de la JE ! En attendant vous pouvez la retrouver et admirer ses dessins sur son Deviant Art ou son site web.
Invité hentai : Toshio Maeda
Né en 1953 à Osaka, Toshio Maeda est un mangaka de hentai assez controversé mais aussi pionnier du genre avec des œuvres comme La Blue Girl et Urotsukidôji, qui a connu ses heures de gloires dans les années 80 – 90 et qui a d’ailleurs conforté les détracteurs du manga à cette époque, qui ont bêtement réduit l’univers du manga à ce seul et unique genre.Lecteur vorace, Toshi Maeda dévore tout ce qui lui passe sous la main dès l’âge de 6 ans. Il s’intéresse aux comics comme Batman ou Spider-man, mais ne s’arrête pas là. Il avoue d’ailleurs avoir lu plus de 10 000 ouvrages avant ses 20 ans, toutes littératures confondues. À 16 ans, cet autodidacte part pour Tôkyô et devient l’assistant d’un mangaka. Pour éviter les limites, morales, politiques ou religieuses des mangas grand public, il se concentre sur le dessin érotique avec des œuvres avant-gardistes comme Urotsukidôji, sorti en 1986, et invente quasiment à lui tout seul un sous-genre du hentai : le tentacle rape, avec des monstres aux phallus innombrables et tentaculaires, dotés de têtes chercheuses lockées sur toutes les petits culottes du coin.
Urotsukidôji est, après Akira, le titre le plus influent sur le marché anglo-saxon et même l’un des emblèmes de Manga Vidéo, un éditeur que les plus âgés d’entre nous se souviennent surement ! Ce petit trailer vous rafraichira sans doute la mémoire…
Qu’on aime ou pas le genre, c’est donc un auteur de légende qu’on apprécie de voir à Japan Expo. C’est aussi un signe du changement des mentalités et un joli pied de nez à Familles de France qui n’est pas pour me déplaire…
Invité shôjo : Moto Hagio
Autre légende mais pour le coup totalement méconnue dans notre pays avant sa venue en mars dernier au Salon du Livre de Paris. Faute de traducteur je n’ai pas pu la rencontrer mais j’espère bien pouvoir le faire pour son retour en juillet ! Née le 12 mai 1949, Moto Hagio est une mangaka connue comme la « mère du shōjo moderne » et plus particulièrement du shônen-ai.Elle fait ses débuts professionnels en 1969 à l’âge de 20 ans avec la publication de sa courte histoire Lulu to Mimi dans Nakayoshi, une revue mensuelle à destination des 8-12 ans, publiée par la Kōdansha. C’est l’une des plus importantes revues shôjo avec un tirage avoisinant 1 million d’exemplaires dans les années 1990 (~400 000 de nos jours), et aussi l’une des plus anciennes car publiée depuis 1954.
Plus tard, pour l’éditeur Shōgakukan, elle produit une série de petites histoires pour divers magazines. Deux ans après ses débuts, elle publie Juichigatsu no Gimunajiumu une histoire courte qui traite ouvertement d’amour entre deux garçons dans un internat (ouh la la la !).
L’histoire faisait partie d’un grand mouvement d’artistes féminins de manga qui ont frayé un chemin vers le genre des bandes dessinées pour filles sur le sujet de l’amour entre de jeunes hommes. En 1974, Hagio développe son histoire dans le plus long Toma no Shinzo. Elle remporta le prix du manga Shōgakukan en 1976 pour son manga de science-fiction Jūichinin iru! et son conte épique Poe no Ichizoku.
Voilà pour cette première partie sur les invités manga. Au prochain numéro, nous parlerons des nombreux invités J-music !
Source : Japan Expo, Wikipédia, Baka Updates
Visuels : © Tous droits réservés
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