Prévu du 23 au 28 mai prochain le festival international de Jazz de Saint-Louis recevra plus cette année du ministère de la Culture et du Tourisme. Son patron Youssou Ndour décaissera 86 millions de Francs Cfa mais en nature.
L'heure est au dernier réglage pour le Festival international de Jazz de Saint-Louis qui fête ses vingt ans du 23 au 28 mai prochain. Les craintes sur la tenue de cette manifestation annuelle semblent levées. Les organisateurs reviennent de Dakar après une audience accordée par le ministre de la Culture et du Tourisme, Youssou Ndour le 17 avril dernier. La tutelle compte intervenir dans le budget du festival à hauteur de 40 %. C'est ce que rapporte le secrétaire général du festival, Assane Fall lors d'un entretien. Cet apport est estimé à 86 millions de Francs Cfa pour un budget arrêté à 215 millions de francs Cfa. «Le ministre de la Culture nous a assuré de la tenue de la 20e édition du festival de Jazz», se réjouit Fall. Mais l'apport du ministre ne se comptera pas en espèces.
«Il n'y a pas d'argent et je viens de prendre fonction», leur a dit Youssou Ndour lors de cette rencontre. Selon eux, la tutelle a décidé de prendre en charge le matériel son et lumière pour le In et le Off. Il prendra en charge certains billets d'avion et tout ce qui est lié à la communication du festival. En tant que ministre du Tourisme, il facilitera aussi l'hébergement des invités en demandant des réductions aux hôteliers de la place. Youssou Ndour intervient aussi dans la programmation en prenant en charge la participation de deux artistes français : le pianiste et compositeur René Urtreger et la poétesse perse d'origine iranienne, Sussan Deyhim.
Pour le secrétaire général, Assane Fall, c'est la première fois que le ministère de la Culture s'implique à un tel niveau dans l'organisation du festival de Jazz de Saint-Louis depuis vingt ans. Mesure-t-il l'importance d'une telle manifestation en tant que chanteur-compositeur et interprète de profession ? Pas de réponse pour le moment. Durant les dernières années, le ministère de la culture affectait 5 millions de francs Cfa au festival. «Cet apport de l'Etat représentait 25 % du budget», informe le chargé de la communication du festival, Alex Ismael Tendeng. L'an dernier, les spectacles ont été assurés par le matériel son et lumière du troisième Festival mondial des arts nègres. Mais, cet appui n'a pas été de tout repos pour le bureau du festival qui a décaissé 6 millions de francs Cfa pour assurer la manutention du matériel, fait savoir Assane Fall.
Selon qui, l'Association court toujours derrière un arriéré de subvention de l'an 2011 qui s'élève à 2 millions de francs Cfa. ...et foule aux pieds un principe du festival Le ministère de la Culture et du Tourisme ne se limite pas seulement à choisir ses domaines d'intervention pour Saint-Louis Jazz. Youssou Ndour traite directement avec l'entreprise 37Cinq pour le matériel son et lumière. Le ministre a proposé à la structure privée 37Cinq un partenariat. Joint hier par téléphone l'un des responsables, Moustapha Diop (ancien technicien des télévisions 2stv et Tfm) assure que le ministre les avait conviés à une rencontre en présence des promoteurs du festival pour voir les modalités de collaboration. «Nous avons discuté pour voir comment faire, car il nous a dit clairement que le ministère n'a pas d'argent et nous aussi nous sommes une entreprise privée, on n'est pas des bienfaiteurs», a-t-il dit. L'entreprise 37Cinq se dit prête à soutenir le festival.
Le ministre foule aux pieds un principe qui a toujours prévalu dans ce festival. Pour la première fois aucun appel d'offre ne sera lancé pour l'acquisition du matériel son et lumière. Ce qui est en totale contradiction avec l'organisation d'antan. Du temps où la comédienne Marie Madeleine Diallo était à la tête de l'Association, le bureau fonctionnait autrement s'agissant de l'acquisition du matériel de sonorisation et des ingénieurs du son. Un appel d'offre international était toujours lancé et tout le monde postulait. «On amenait du matériel de la France et on affrétait de l'avion pour transporter tout le bag line. A chaque fois qu'il y a un festival, on recevait une fiche technique, les grands jazzmans étaient exigeants sur le matériel. On passait des appels d'offres et on recevait des ingénieurs du son de partout», a-t-elle expliqué.