« Plus près de toi mon dieu »... Sublime élégance des musiciens qui continuent de jouer au milieu de la tempête... égarement du commandant revenu à la barre du cauchemar... absurdités des employés de la White Star Line qui menacent de porter plainte contre la dégradation du matériel. Evanouissement méthodique des illusions... Les billets de banque s’envolent, les lustres, les tables sous la lumière tamisée, les dîners aux chandelles, les piles d’assiettes en faïence, les étagères qui tombent les quatre fers en l’air, les chapeaux, les bijoux, les belles robes pour habiller les spectres. Tout à vau-l’eau, trimballé pitoyablement dans les pattes des passagers affolés, « harnachés comme des bourriques », piétinant sur le pont, aliénés dans la même atroce épouvante.
Sous la voie lactée et le silence ironique de l’océan, dans cet immense filet de ciel bleu sombre, le Titanic n’est plus qu’un gros poisson électrique secoué de spasmes inutiles. Les lumières s’éteignent. Le bâtiment s’abîme tout au fond du tourbillon. Le rideau se ferme. Dans le décor hallucinant des corps gelés au-dessus de l’abîme, « flottaison blême et ravie », Rose, qui s’est hissée sur une planche, voit finalement Jack s’engloutir dans les eaux glacées. Mais elle lui a promis de vivre et d’accomplir sa destinée... Celle d’une aventurière libre et déterminée. Capable de résister, quoi qu’il arrive, et de garder au fond de son être « le cœur de l’océan ». Ce glorieux fétiche, cette clé magique qui ouvrira les grilles de l’épave et qui, le jour venu, ressuscitera toutes les silhouettes évanouies dans l’eau profonde.
Figures fantomatiques, vacillant en arrière-fond, en surimpression sur le fond majestueux du Titanic... c’est peut-être cela que la 3D apporte de plus à cette nouvelle version du film.