Rassurez-vous, ce n'est pas vrai ! C'est le titre (pour le moins aguicheur...) d'un livre écrit par Philippe Roi et à sortir le 15 mai prochain, aux éditions LC.
"Il s'agit d'une longue lettre d'amour sous forme de poème, rédigé par un narrateur au sexe indistinct, qui est en pleine tristesse et qui découvre à travers le personnage de Roger une envie de se battre", explique Clarisse Mérigeot, l'éditrice. C'est un livre très chaste, pas du tout un livre érotique."
EXTRAITS :
« On dit souvent d’accord, comme ça, sans savoir où ça va nous mener. Je me suis assis et j’ai longuement réfléchi : il me fallait trouver un nouveau sens, une nouvelle direction, adopter une nouvelle forme d’existence.
C’est à ce moment que Julia m’a appelé.
— Ça te dirait d’aller voir un match cet aprèm ? m’a-t-elle demandé.
J’étais surpris :
— Un match de quoi ? j’ai dit.
— Un match de tennis !
Tout était compliqué pour moi, depuis quelques mois. J’étais en arrêt depuis un moment, une vilaine dépression qui ne voulait pas partir, qui s’était installée doucement.
J’ai dit OK.
Il faut dire que Roland Garros, même quand on n’y entend rien, ça ne se refuse pas.
Le médecin m’avait dit : vous n’êtes pas un cas isolé. Ces choses-là arrivent à tout le monde, ne vous inquiétez pas. Prenez votre mal en patience, prenez soin de vous, ne vous laissez pas envahir par les choses.
Vivez. »
«23 h 45.
— Tu as faim ? me demande Roger.
Je lui dis que non, que ce que j’ai me suffit amplement.
Roger lance un rire clair et gentil. Il me prend dans ses bras, tendrement. Je me retourne car je ne veux pas qu’il me voie quand je vais lui demander :
— Pourquoi moi ?
— Et pourquoi pas.
Je lui demande si je peux le laver, il dit oui et ne pose aucune question.
Je connais par cœur l’impossibilité des choses et je sais que même si c’est douloureux, on s’y fait.
Je prends la main de Roger, je le guide jusqu’à la salle de bains Je fais couler l’eau. Ses jambes n’en finissent plus de tourner dans ma tête.
Sur le rebord de la baignoire, il y a du gel douche et notre parfum.
Comment j’ai savonné Roger Federer.
Roger dit tout simplement qu’il veut un bain.
Comme toujours, je lui dis d’accord. Je veux voir l’eau progresser sur son corps.
Roger s’allonge dans la baignoire. L’eau monte et recouvre ses jambes. Je lui demande :
— Je peux laver tes cheveux ? S’il te plaît.
— D’accord.
Roger :
— Ce soir, tu prendras tout ce que tu voudras de moi.
L’ayant vu jouer, l’objet de mon désir fait preuve d’une étrange vulnérabilité à l’heure du bain.
Alors, je m’attarde, j’en profite, je caresse ses cheveux, je sens ses boucles fondre sous mes doigts.
Roger ferme les yeux et gémit. Je le rince. Après quoi je fais à nouveau couler du shampooing sur sa nuque.
— Ferme les yeux, je lui dis. Et surtout, dis-moi ce que tu vois.
— Je te vois, je vois ton corps, je vois tes mains. Caresse-moi encore, parle-moi pendant que tu le fais s’il te plait.
Roger dit des mots en allemand. Il sourit parce qu’il sait que je ne les comprends pas. Rien que par la langue, il exerce une supériorité sur moi.
Je ne le laisserai pas gagner mais je tirerai des leçons de son enseignement.
Roger se lève. Il prend une serviette, il me la tend comme si je devais m’occuper de lui, comme si c’était évident. Il se dirige vers le lit.»