Chose promise, chose due : je ne vais pas lui lâcher la grappe ! Elle ne connaît pas la mémé Kamizole : scottish-terrier qui ne desserre jamais l’étau de ses crocs sur ses proies. Or donc, je me doutai bien que sa stupide requête adressée au Conseil constitutionnel ferait pschitt comme l’écrit non sans humour Alexandra Ducamp dans La Provence (11 mai 2012). Rien de tel que la presse locale pour être abreuvé aux meilleurs sources s’agissant d’une foule de détails et d’informations non publiées ailleurs. Et j’en apprends de bien belles.
Pas fortiche pour une avocate honoraire ! Selon elle, « les moyens qu’elle avait adressés au Conseil constitutionnel entraîneraient normalement l’annulation de tout scrutin sur l’ensemble du territoire »… Avant d’en faire l’analyse, je noterais que selon la réponse du service de presse du Conseil constitutionnel, elle avait déjà tout faux sur le plan de la procédure :
« Comment, une requête ? Contre l'élection présidentielle ? Non, mais c'est trop tard de toute façon : le délai est de 48 heures après le scrutin et seuls les candidats peuvent saisir le Conseil constitutionnel... Et puis, là, il faut que je vous laisse, on va proclamer les résultats dans cinq minutes ! ».
Sur le plan de la pertinence de son argumentaire juridique, cela ne vaut guère mieux.
Me Jorge Mendes, spécialiste des contentieux électoraux, qui la connaît plutôt bien pour avoir porté un recours contre sa réélection en 2009, après l’invalidation de l’élection municipale de 2008 par un arrêt du Conseil d’Etat au motif de « propos et insinuations inadmissibles ayant pu fausser le résultat du scrutin » à la suite d’un tract reconnu anonyme » selon Wikipedia, décision « purement politique selon Maryse Joissains et son entourage : aucune preuve n’ayant permis d’établir que le tract venait de son équipe et son impact sur le scrutin serait impossible à définir ».
Je pense qu’à la faculté libre de Toulon l’on ne doit pas enseigner le droit constit. ni le contentieux administratif de la même manière qu’à Villetaneuse ! Dans toutes les matières, le Conseil d’Etat rend des arrêts fondés sur le droit et ses grands principes et jamais sur l’opportunité politique. Peu importe que l’origine du tract n’ait pu être démontrée et qu’il ne soit pas possible de définir précisément son impact sur le résultat du scrutin : les plus hauts magistrats de l’ordre administratif ont sanctionné des pratiques contraires à la démocratie et à l’Etat de droit en matière d’élections.
Selon Jorge Mendes, sur le plan politique « C'est une opération de communication d'une candidate aux élections législatives qui, par ce recours juridiquement consternant, fait parler d'elle et ainsi cherche l'obtention des suffrages pour les élections du mois de juin » et quant au plan juridique : c’est vide !
Il souligne en effet que « Sur les dépenses engagées pendant les primaires, la commission nationale des comptes de campagne s'est déjà prononcée sur la régularité de ces dépenses internes non remboursées »… L’auteur de l’article ajoutant que « qu’en décembre 2011, le président de la commission s’est même fendu d’une lettre en ce sens à Jean-François Copé, patron de l’UMP ».
Quant à la liberté de la presse qu’elle mettait en cause car la quasi-totalité des journalistes auraient soutenu François Hollande contre Nicolas Sarkozy (je n’y reviens pas) « elle est historique et totale, le droit n’ayant pas changé depuis 1881 sur cette question ». Idem pour la mise en cause de la CGT qui a appelé au 1er tour à voter contre Nicolas Sarkozy et au second à voter pour François Hollande : « l’appel à voter n’est pas interdit par la loi »…
Selon Yves Luchaire, professeur à l'Institut d'études politiques d'Aix - et parmi les spécialistes reconnus du droit constitutionnel : il est auteur d’un ouvrage sur « La constitution de la République française » (Economica) - « Il n'y a jamais eu de précédent sérieux en matière de recours contre une élection présidentielle ». Celui de Maryse Joissains ne devrait pas faire date : « Les excès de dépenses financières - qu‘elle dénonçait au demeurant sans aucune preuve - ne peuvent entraîner pour une présidentielle, une annulation : Au pire, un remboursement au Trésor du surplus et le non-remboursement des frais de campagne »…
Mais Maryse Joissains ne pouvait en rester là. Dans une interview donnée le 10 mai 2012 à la Provence et recueillie par Alexandra Ducamp et Julien Danielides elle ne craint pas d’affirmer que "Ce type d'élection se passe dans les républiques bananières" . Elle oublie précisément que la Sarkozie est devenue le type même de la république bananière : clientélisme et népotisme à tous les étages.
Rien de bien nouveau dans ses affirmations. Elle admet que « ses propos ont peut-être été un peu violents » - seulement peut-être ? - « parce qu’elle était sous le coup de la faible différence de voix entre les candidats ». Quand même un peu plus d’un million selon les chiffres définitifs du Conseil constitutionnel…
Elle met en cause à nouveau « cette campagne indigne contre Nicolas Sarkozy et pro-Hollande, sans laquelle notre candidat aurait été élu et avec une large avance : les règles de la démocratie n'avaient pas été respectées et avaient même été violées dans des conditions dramatiques ». Je ne reviendrais pas sur l’insigne connerie de ses propos.
Elle ne devait pas encore connaître le rejet de sa requête mais elle affirme que « le Conseil constitutionnel devrait sûrement déclarer l'irrecevabilité de ma demande, c'est tellement plus facile... Mais ce n'est pas symbolique : la France ne sera plus la France si elle s'engage dans ce type de débordements. Et la liberté sur laquelle vous comptez aujourd'hui ne sera plus la même »…
A ceci près, et je ne m’y attarderais pas que c’est François Hollande qui a été victime d’une campagne d’une rare violence où n’ont manqué ni les accusations purement mensongères ni les boules puantes et que ce sont les journalistes qui non seulement ont été accusés par Nicolas Sarkozy et ses sbires de faire campagne pour le candidat socialiste mais que de surcroît, à deux occasions, des journalistes ont été victimes d’agressions de la part de militants ou sympathisants de l’UMP…
Serait-ce la liberté dont elle parle : faire tomber la France - patrie des Droits de l’homme - au rang de la Russie de Poutine ou de la Côte d’Ivoire de Laurent Bagbo pour ne prendre que deux exemples récents de la manière dont sont traités les journalistes dans des dictatures, parmi une foultitude d’autres ?
Nul doute que Maryse Joissains serait nominée au festival des mensonges. Elle ose prétendre qu’elle n’aurait fait que reprendre les accusations des propres amis de François Hollande sur son compte. Si elle a raison s’agissant de la mollesse que lui reprochait Martine Aubry dont les arguments à son encontre ont particulièrement manqué de classe, et oublie le débile « capitaine de pédalo » de Jean-Luc Mélenchon, tout ce qu’elle leur attribue fait partie des attaques du clan Sarkozy !
Ainsi, elle attribue à Ségolène Royal une déclaration purement imaginaire sur le déficit de la Corrèze… J’ai eu beau éplucher les occurrence sur Google à ce sujet, absolument rien de crédible puisque les sites qui faisaient état de cette déclaration ne citaient aucune source… Lors même que nous savons que ce fut un des angles d’attaque de la Bande à Sarko… De même que le reproche moult fois fait par les mêmes qu’il soit « sans expérience et inefficace » dixit ses amis.
Elle a de surcroît l’insigne toupet de prétendre que « si Nicolas Sarkozy a été mis plus bas que terre - il s’est mis tout seul plus bas encore que les égouts ! - l'Histoire montrera qu'il a été un grand président »… Je demande à voir ! Et cet aveu suprême : « Les trois quarts de la population ne savent pas à quel point il s'est battu pour eux parce que l'on a entendu que des critiques invraisemblables de la part de la gauche avec des positions mensongères, avec tous les comportements que l'on trouve dans les pays totalitaires ».
Merci de prendre ainsi environ 55 millions de Français (sur environ 66 millions selon les chiffres du dernier recensement) pour de parfaits cons qui goberaient tout cru la propagande socialiste ! Si je comprends bien, les seuls être intelligents et démocrates seraient ceux qui donnent crédit aux « éléments de langage » de l’agit-prop sarkozyste.
Autre mensonge mais sur sa vie personnelle : elle aurait été victime d’un redressement fiscal à la suite de la vente d’un bien immobilier. Selon ses dires, mais je n’ai trouvé nulle trace de ce contrôle fiscal nonobstant mes recherches sur Google, celui-ci aurait porté au départ sur 2 millions de francs avant de se terminer « à moins de 50.000 francs sur la plus-value de la vente d'un grenier vendu 100 000 F au lieu de 60 000F ! ». Dit-elle la vérité sur la nature du bien - je veux bien vivre dans un grenier à 2 millions de francs ! - et le montant du redressement ?
Ce qui est en revanche certain c’est qu’elle ment effrontément en accusant ce redressement d’avoir été la cause du suicide de son père alors même que nous savons - grâce à Wikipedia - que c’est en raison de la condamnation de son mari à deux ans de prison avec sursis - Alain Joissans, maire d’Aix-en-Provence depuis 1978 - pour « recel d’abus de biens sociaux » : il était accusé d’avoir financé une partie de la construction de la maison de son beau-père avec l’argent de la municipalité.
Il ne lui en fallut pas plus pour accuser « le clan Defferre » - Gaston Defferre, maire de Marseille était alors ministre de l’Intérieur - « d’être à l’origine d’une brigue politico-médiatique »… Revenant sur ces faits dans son interview, elle met bien évidemment en cause les socialistes et la justice : « Dans le passé, ils m’ont envoyé des affaires judiciaires montées de toutes pièces (…) M. Joissains a été sali et vilipendé de façon scandaleuse (…) la carrière de mon mari a été cassée à cause du procureur de la République de l'époque - socialiste et aux ordres du pouvoir, comme chacun sait - qui s'était opposé à sa réinscription au barreau alors qu'il a obtenu satisfaction devant la commission de révision »…
Précisément, je ne dispose d’aucune information quant à cette révision - ou une réhabilitation -sinon qu’il est indiqué (toujours sur Wikipedia) « qu’elle s’était battue - sans succès - pour obtenir la révision du procès de son mari »… Nouveau poker menteur ?
Que ses déclarations contre François Hollande aient suscité un tollé relève de l’euphémisme. Celle du Modem des Bouches-du-Rhône qui s’est insurgé (Europe 1, le 9 mai 2012) par la voix de Bernard Sauvadet, son secrétaire départemental, lequel réclama par un communiqué que Maryse Joissains présentât des excuses publiques pour avoir contesté la "légitimité" de François Hollande et dénoncé un "danger pour la République". De même, que la fédération dépar-tementale du PS qui demande à Maryse Joissains de s’excuser (La Provence 9 mai 2012).
L’indignation dépasse largement le cadre local ou régional. J'en veux pour preuve un article de Mediapart Lettre ouverte à Maryse Joissains - A diffuser et signer, pour atténuer la honte... (10 mai 2012), appel signalé par La Provence - décidément Maryse Joissains n'y paraît guère en odeur de sainteté ! - où Martine Gentry indique que « Maryse Joissains, députée-maire d'Aix-en-Provence, se fait régu-lièrement remarquer chez nous pour ses propos et ses tracts de campagne plus que limites »… Je ne peux que vous inviter à signer cette lettre ouverte…
Il ne me fait aucun doute que si elle s’agite comme une diablesse sortie de sa boîte c’est que sa réélection n’est pas assurée. De scrutins en scrutins - élections municipales ou législatives - ses scores électoraux ne cessent de s’éroder, comme le souligne l’article de La Provence, en 2009 « Son passage supplémentaire devant les électeurs après l'annulation de son élection à la Ville en 2008, a montré la fragilité de son assise : elle a repris son siège de 81 voix ».
Il est difficile de savoir ce qu’elle peut espérer obtenir dans la 14e circonscription des Bouches-du-Rhône lors des prochaines législa-tives car si elle a été réélue sans problème en 2007 sous l’étiquette UMP - avec 44,63 % des voix au premier tour et 54,86 % contre 45,14 % à son adversaire socialiste au second - je constate néanmoins qu’en 2002, elle avait été élue avec 58,10 % au second tour, face à une élue radicale de gauche. Non seulement la perte de voix n’était pas négligeable mais un écart d’un peu moins de 10 % entre les deux candidats qui s’affrontèrent au second tour prouve que la député sortante ne disposait pas d’un épais matelas en matière de réserves de voix…
De surcroît depuis 2007, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts et l’UMP paye cash la politique menée pendant 5 ans par Nicolas Sarkozy, ses ministres et parlementaires.
Qu’en sera-t-il les 10 et 17 juin prochain ? Mystère et boule de gomme… Ses récentes incartades lui vaudront-elles un surcroît de suffrages d’électeurs potentiels du Front national - mais comme Sarkozy, elle devrait y perdre forcément des voix d’électeurs centristes modérés révulsés par ses pratiques. Sera-t-elle ou non tentée par une alliance avec le FN si sa position est par trop inconfortable au soir du premier tour ? Autant de sujets sur lesquels nous devons demeurer fort vigilants.