Je m’en souviens comme si c’était hier : la première fois nous étions le 17 Août 2009, il était 4 heures du matin. J’étais rentré de vacances la veille, parfaitement détendu et je goûtais une belle nuit de sommeil avant la reprise. Le téléphone a sonné et ma chérie, toujours plus prompte à ouvrir l’œil, a décroché et m’a réveillé en me tendant le téléphone d’un air angoissé : « C’est la télésurveillance, le bureau !
— Hein ? Quoi ? Grumpf……
— Bonjour Monsieur, ici la télésurveillance, nous avons détecté une intrusion en zone entrée et dans la salle informatique !
— Ah… Euh… Vous avez tenté d’entrer en contact ?
— Oui, mais personne ne répond. »
Tu m’étonnes, comme si les cambrioleurs avaient pour habitude de faire la causette par interphone interposé avec les agents de sécurité !
À 4 heures du matin, au mois d’Août, au centre ville de Toulouse, la circulation est fluide. Sur le court trajet qui sépare mon domicile du bureau, j’ai quand même eu le temps de me réveiller et de me poser un certain nombre de questions. Est-ce que j’appelle la police ? Dois-je d’abord constater la présence des cambrioleurs ? Et si ils sont armés ? Et mes données ? Oh mon Dieu, et le dossier Groklian qui est encore dans le disque dur du deuxième Mac de prod et que je n’ai pas eu le temps d’archiver !!!
Le cœur battant la chamade, je me suis garé n’importe comment, j’ai mis les feux de détresse et j’ai rapidement rejoint l’entrée de l’immeuble. Portable dans une main, prêt à appeler le 17 j’ai pénétré dans le hall. J’entendais l’alarme couiner. Une fois dans la cour intérieure je me suis arrêté pour voir si j’entendais du bruit ou si je pouvais percevoir du mouvement ou de la lumière par la fenêtre du bureau. Rien.
À pas feutrés, je me suis approché de la porte d’entrée. Nulle trace d’effraction, ni sur la porte, ni sur les fenêtres. J’ai retenu ma respiration et tourné la clé dans la serrure. Le vacarme suraigu de l’alarme emplissait l’entrée, j’ai allumé la lumière et me suis précipité sur le boîtier de contrôle pour taper le code. Une fois le calme revenu, j’ai entamé un petit tour d’inspection. En rentrant dans la salle de créa, je me suis arrêté net. Je n’en croyais pas mes yeux : une chauve-souris tournoyait au milieu de la pièce.
De la famille des chiroptères, la pipistrelle commune (pipistrellus pipistrellus) est la plus petite espèce parmi les chauve souris européennes. Cette bestiole protégée, d’un naturel peu farouche est qualifiée par Wikipédia, d’animal opportuniste, qui choisit pour habitat estival des lieux bien exposés dans les greniers des maisons ou derrière les volets. Sauf que, dans notre cas, elle a choisi la salle de créa de Pure Artmony ! C’est ce qu’on appelle certainement le charme d’un bureau ancien et atypique du centre ville, avec sa brique rose et ses poutres apparentes…
Depuis ce funeste jour de rentrée 2009, je ne compte plus le nombre de fois où « Gigi la chauve-souris » (oui, c’est comme ça qu’on l’appelle maintenant), m’a tiré des bras de Morphée pour me faire revivre le cauchemardesque scénario du réveil par la télésurveillance entre 2 heures et 5 heures du matin. L’an passé, nous avons même pris une mesure radicale en confiant à Philippe, stagiaire momentanément désœuvré, la tâche immense de boucher les trous pouvant possiblement servir d’entrée à Gigi. Las… Gigi est tenace, et, amaigrie par les rigueurs de l’hiver, elle arrive certainement à se glisser par les plus petites anfractuosités… Le trou de la serrure ? Je ne sais pas.
Pourquoi je vous raconte tout ça ? Parce que je voulais vous annoncer que ça y est, la saison estivale 2012 est officiellement lancée. En tout cas, celle de Gigi, puisqu’elle m’a tiré de mon lit la nuit dernière à 2 heures du matin.
Photo © Christophe Rousseau