La direction des études économiques de BNP Paribas vient de publier une analyse de la situation de l’économie française utile et claire.
Dans ce document intitulé « Les grands chantiers de l'économie française », Hélène Baudchon dresse un portrait plutôt équilibré mais sans langue de bois de l’économie française.
Il y a un réel consensus des observateurs sur le diagnostic.
Seules les solutions proposées peuvent changer, sans pour autant remettre en question les principales voies à suivre.
Un excellent document à lire sans attendre !
« L‘économie française est mal en point à bien des égards. Le taux de chômage y atteint 10%.
Elle cumule un déficit budgétaire et un déficit commercial, tous deux élevés (5,2% du PIB pour le premier en 2011 et 3,5% pour le second).
La dette publique frôle les 90% du PIB.
Les entreprises sont handicapées par la faiblesse de leur taux de marge, un symptôme parmi d’autres de leur perte de compétitivité.
L’industrie est en recul et ne compte plus que pour 13% de la valeur ajoutée brute totale.
La croissance française est bien plus souvent qualifiée de molle que de vigoureuse.
A juste titre, au regard d’un rythme annuel moyen d’à peine plus de 1% au cours des dix dernières années (2001-2011), soit un point de moins par rapport aux dix années précédentes et à mettre aussi en regard d’une moyenne historique de 3,3% (1950-2011).
Ces performances médiocres ne doivent cependant pas faire oublier des points forts, toujours nombreux et à partir desquels un redressement est possible.
Pour reprendre l’expression de Valéry Giscard d’Estaing, la France est une « grande puissance moyenne », dont les sources de richesse sont diversifiées et la démographie dynamique. Les ménages disposent d’un confortable matelas d’épargne.
L’endettement du secteur privé est dans les limites du raisonnable.
Début 2012, la dette française, bien que sous surveillance des agences de notation, fait partie des valeurs refuge, une sûreté qui se paie d’un rendement historiquement bas de 3% sur l’OAT 10 ans.
La France compte de nombreuses multinationales de renom parmi les leaders mondiaux 1 et dispose d’un savoir-faire incontesté dans de nombreux secteurs d’activité (aéronautique, BTP, luxe, agroalimentaire, pétrole, services aux collectivités, santé…).
Les difficultés économiques rencontrées par la France ont rejailli sur la campagne électorale.
La politique économique au sens large (budgétaire, industrielle, emploi…) y aura donc eu une place à part.
Le but, ici n’est cependant pas de revenir in extenso sur les programmes mais de planter le décor, de faire le point sur les chantiers à lancer et les défis à relever.
Les enjeux sont grands (une nouvelle dynamique de croissance) et les cinq prochaines années déterminantes. »
(…)
« Le champ des problèmes
La France cumule un certain nombre de problèmes qui l’amènent à être moyennement notée dans les classements du type Lisbon Council ou World Economic Forum 4 .
Dans l’Euro Plus Monitor 2011 du Lisbon Council, la France est ainsi en 13ème position sur les 17 pays de la zone euro avec une note moyenne de 4,5 (sur une échelle de 0 à 10), inférieure à celle de la zone euro qui obtient 5,55. Ce score est composé d’une note sur la croissance (4,7), la compétitivité (3,7), la soutenabilité budgétaire (4,1) et la résilience (5,3) (cf. graphique 6). La France est plus mal notée encore sur ses progrès, lents, limités et mineurs (score de 2,5).
Le nouveau tableau de bord de la Commission européenne va un cran plus loin en visant à alerter sur les déséquilibres excessifs, existants ou en formation.
Le premier rapport épingle la France sur plusieurs critères (cf. tableau 1)6 .
La baisse de ses parts de marché dans le total des exportations mondiales, en plus de dépasser le seuil critique défini, est l’une des plus importantes des pays de l’UE.
La détérioration du solde commercial est néanmoins qualifiée de graduelle et le déficit courant reste en deçà du seuil critique.
La dégradation de la compétitivité prix et hors prix est jugée préoccupante mais sans atteindre un niveau alarmant.
Cependant, compte tenu de ces évolutions, la baisse de la profitabilité des entreprises françaises et ses répercussions sur leur capacité d’investissement sont mentionnées comme méritant un complément d’analyse. Au niveau des déséquilibres intérieurs, l’augmentation de la dette privée est pointée du doigt puisqu’elle atteint désormais 160% du PIB et qu’elle s’est accrue parallèlement à la dette publique (seul indicateur interne dépassant la cote d’alerte).
La hausse des prix immobiliers et le niveau du taux de chômage sont en-deçà des seuils d’alerte mais pas très éloignés.
En résumé, ce rapport met la France sous surveillance. Les déséquilibres dont elle souffre aujourd’hui sont limités en nombre ainsi qu’en taille, mais leur tendance est à l’augmentation.
Elle est encore loin de l’étape des recommandations que pourrait lui faire la Commission. Mais si elle veut y échapper, il va lui falloir redoubler d’efforts en termes de réformes structurelles.
Selon l’OCDE, les gains à en attendre seraient substantiels, de l’ordre de 1 point de croissance potentielle en plus 7.
Nous nous focalisons, ci-après, sur trois chantiers :
emploi, finances publiques, compétitivité.
Ces différents chantiers sont étroitement reliés ; ils ne peuvent pas véritablement avancer l’un sans l’autre.
Ainsi, la consolidation budgétaire se fera d’autant plus facilement que l’emploi sera dynamique, ce qui implique que l’économie française regagne en compétitivité.
Le redressement de cette dernière passe, entre autres, par la correction des rigidités du marché du travail et l’assainissement des finances publiques.
Celui-ci est, enfin, un passage obligé pour soutenir la croissance et les emplois de demain.
Les travaux ont commencé. Il faut, au minimum, les poursuivre et, de préférence, passer à la vitesse supérieure. »
Lire l’intégralité de la publication ici :
http://economic-research.bnpparibas.com/applis/www/recheco.nsf/ConjonctureByDateFR/DE70F7953896ADD4C12579FB00439A54/$File/C1205_F2.pdf?OpenElement