Terdav Trail World Tour, Saint Jacques, 19e étape: chaleur, églises et serpentins...

Ce soir je vous écrits de Morlanne, où je m'apprête à passer une bonne nuit de récupération dans le gite du domaine des pèlerins, un bel endroit posé en pleine nature, un peu à l'écart du gr 65 mais sur une route historique pour Compostelle. Pour arriver là, j'ai encore bien marché aujourd’hui hui...une cinquantaine de kilomètres. Ce n'est pas sans aucune appréhension que je suis parti ce matin. La journée d'hier a été particulièrement longue et pénible. Dans la nuit, je me suis décidé à prendre le premier antalgique du voyage, mais je n'ai tout de même guère dormi. Je me sens donc un peu "flagada" en me mettant en route après un petit déjeuner vraiment sympathique à la maison du pèlerin d'Aire sur Adour, où le propriétaire me présente un peu comme la vedette du jour...mes convives partent aujourd’hui hui pour la plupart, vers St Jean. Je leur explique, comme je suis désormais un peu habitué à le faire, mon projet avec Terdav, une agence que la plupart connaissent. Les premiers pas ne sont cependant pas si rudes. Mes pieds, que j'ai bien protege, ont un peu recupere. Je marche d'un pas régulier, a défaut d'être très efficace. Par chance, le parcours est facile. Avant la sortie d'Aire, je suis rejoins par mes trois amis cyclistes de l'autre jour. Nous discutons aimablement; ils viennent d'Ardèche et parcourent ainsi des tronçons de St Jacques à vtt tous les ans. Hier, ils avaient 60 kilomètres à leur compteur, mais sont partis d'Eauze... Il me semblait bien que mon étape était vraiment immense! "60 kms à vélo, nous on les sent déjà, m explique l'un deux, surtout au niveau des fesses..." A chaque moyen de locomotion ses inconvénients. Ils m abandonnent un peu plus loin. Vu le profil du jour et le terrain, en majorité des petites routes, je suis sur de ne plus les revoir. Je remonte par contre une bonne ribambelle de pèlerins et de randonneurs. Autant je n'ai vu presque personne hier, autant le chemin est "bonde" ce matin. Il faut dire aussi que ce début d'étape offre des perspectives larges qui vont donne à voir loin. Des lignes droites toutes plate s'étirent sur une campagne pas désagréable mais sans grande originalité. Des terres cultivées, des tracteurs au travail, quelques maisons. Les distractions ne sont pas légions sur cette portion. Cela dit, poussé par un petit vent frais, je ne trouve pas cela si désagréable et le temps défile assez vite. J'arrive à Miramont Sensaq, le premier village du parcours, relativement tôt et relativement frais. Le décor change de nouveau, pour laisser place à une zone bien plus vallonnée. D'ailleurs, j'y retrouve quelques spectatrices à cornes, l'élevage est de nouveau présent sur ces collines. En sous-bois, la marche reste agréable. Dans les parties découvertes, ma tache commence à se compliquer à nouveau. Le soleil tape vraiment fort. La chaleur, c'est l'élément naturel que je supporte décidément le moins bien; rien à faire... Je souffre, devient moins efficace, ma peau chauffe, je cuits... Moi qui ne bois que très peu des qu'il fait moins de 20 degrés, je deviens une outre...mais il me faut faire avec. Je rencontre quelques beaux édifices, comme l'église de Sensacq, plantée au milieu des champs et des bois, traverse quelques bois agréables sous le chant des oiseaux. Les merles sont en forme. Je le suis nettement moins. Mon manque de sommeil me rend un peu vaseux...je dors en marchant, ou presque. Au détour d'un virage, tout près du village de Pimbo, une belle couleuvre verte cuivrée, qui doit bien faire son petit mètre de long, se charge de me réveiller. Pour manifester son mécontentement, elle effectue d'abord une sorte de saut dans ma direction, avant de prendre la tangente, ce sont tout de même des betes bien prudentes. Un peu plus loin, un autre serpentin s'enfuit à mon abord. J'étais plus habitue, jusqu’à présent sur ce gr 65, aux petits lézards, qui sont légions, qu'a ces autres reptiles. Une toute petite halte à Pimbo plus tard, je repars dans une chaleur devenue vraiment écrasante. Les petites routes succèdent aux chemins agricoles. Je peine un peu mais je sais l'étape plus courte qu'hier et rêve à une bonne soirée de récupération. Après Arzacq, ou je m offre sandwich et coca bien frais, je decide de ne pas suivre le GR pour me rendre plus directement à Morlanne, mon arrivée du jour, qui est à 5km du tracé actuel mais était jadis un point de passage des pèlerins. Par de petites routes vallonnées et accablées de soleil, j'y parviens vers 18h. Juste avant, le patron du gite, sorti chercher des clients qui n'en peuvent plus, m a gentiment appelé pour me demander si ca allait. Je le rencontre d'ailleurs dans le village, mais continue a pied pour aller voir le château. Le gite est tout de même encore à 2kms de la, dans un écrin de verdure. Le diner est bien bon, notamment des confits de canard vraiment bien cuisines. Mes convives, une très gentille dame flamande et un couple qui va à St Jacques en prenant de nombreuses pauses pour visiter, me demandent bien sur quelques explications sur ma démarche. Curieusement, alors que la conversation se déroulait bien gentiment, l'homme prend la mouche et se montre agressif, ne comprenant pas que différentes démarches et façons de voyager puissent cohabiter sur ce chemin de Saint-Jacques. C'est le premier que je rencontre à avoir ce type de réaction, la tolérance et la compréhension régnant par ailleurs si agréablement parmi les pèlerins, les randonneurs, les sportifs et les voyageurs. Cela ne me gâche cependant pas la soirée. Le gite réserve un "plus" appréciable: je peux faire profiter à mes muscles tout de même bien fatigues du massage prodigue par les mains expertes d’Isabelle, une masseuse amie de la maison. Sous une musique orientale complétée par le chant des oiseaux, j'en vois d'ailleurs certains venir s'abreuver dans la piscine toute proche, dans ce décor forestier et paisible, ce massage aux huiles essentielles est une bien agréable façon de terminer la journée, avant d'aller écrire ce récit...