Comme chaque année, Hartzine sera fidèle au rendez-vous auquel nous convie le Festival Villette Sonique, rencontre musicale insolite et défricheuse nous permettant de découvrir sur scène les talents qui feront l’actualité de demain autant que de renouer avec les glorieuses légendes qui auront bercé notre adolescence.
D’ailleurs, vendredi 25 mai, pour sa soirée d’ouverture, les programmateurs ont vu grand en invitant deux grosses pointures du hip-hop : le rappeur masqué MF DOOM ainsi que les excellents Shabazz Palaces et leur rap déviant et codeïné. Le producteur anglais Steven Elligton (Flying Lotus) complétera le plateau en y apportant une petite touche d’abstract-jazzy bien placée. La suite des festivités prendra place au Trabendo qui accueillera pour l’occasion quelques uns des producteurs électro-glitch les plus en vue de la scène franco-britannique : Funkineven, 123MRK, Redhinho, Canblaster.
Dès le lendemain, nous nous ancrons dans un tout autre registre. Le quatuor juvénile Iceage assénera au public de La Villette un punk braillard et virulent tandis que The Psychic Paramount tentera de dévoiler la féerie obscure d’incantations noise et psychédéliques. Buzz Osborne et ses Melvins donneront une leçon de hardcore-punk façon légende quand Sleep en ira de la sienne dans un registre plus doom-stoner, le combo accusant plus de vingt-cinq ans de carrière au compteur tout en restant indéniablement l’initiateur du genre.
Pas de répit pour les corbacs, c’est à Liturgy d’ouvrir le bal ce dimanche 27, lui qui à travers son dernier album Aesthethica transcende les codes du black métal. Suivront les tant attendus The Soft Moon, figures emblématiques d’un certain renouveau cold-wave – le groupe mené par Luis Vasquez entrechoque maniérisme shoegaze et virulence tribale-punk. Quant au projet mastodonte de Justin Broadrick, Godflesh, il peut se targuer de bien des honneurs. Formation nihiliste de métal-indus répandant son aura lourde et nauséabonde depuis bientôt vingt-quatre ans, Streetcleaner reste un mètre-étalon pour bon nombre de métalleux.
Les noctambules se rendront ensuite au Trabendo afin d’assister à la résurrection de Chris & Cosey, trapézistes électro-indus rescapés de l’expérience Throbbing Gristle. On s’encanaillera ensuite sur l’électro perverse d’Ital, moitié du groupe ricain Mi Ami, avant de succomber au assauts minimal-pop du turntabliste John Talabot.
Le Trabendo accueillera une nouvelle fois les réjouissances du lundi, dont le point culminant devrait être la prestation de Dirty Three, projet expérimentalo-folk de Warren Ellis (ex-Bad Seeds) mais également la prestation lyrique de Julia Holter, dont le très récent Ekstasis est un petit bijou de pop contemplative. Peaking Lights ne devrait pas être en reste en distillant une électro lumineuse lo-fi et barrée.
Et comme à son habitude, le festival clôturera son édition à la Cité de la Musique où se produira le trio Tristesse Contemporaine, livrant au public parisien une cold-wave sous narcotiques acidulée et extravagante. Deux adjectifs qui correspondent également parfaitement aux mélodies pop de Girls, à la fois nostalgiques et cavalières.
La Villette Sonique, ce sont aussi deux jours de concerts en plein air, pour tout les goûts et toutes les oreilles. Ce sera l’occasion, ce samedi 25 mai, de découvrir Egyptology, formation pyramidale synthétique lorgnant sur l’électro organique d’un Oneohtrix Point Never, alors que The Spits se dévoileront en rejetons du mouvement punk dans sa forme la plus pure et radicale. Le musicien suédois Axel Willner alias The Field, quant à lui, est passé maître dans l’art de triturer les boucles, emprisonnant l’auditeur dans des montagnes russes d’où l’on ne redescend pas, et nous proposera une petite démonstration de ses talents. Et si le nom de Ku Klux Glam a dans l’âme quelque chose d‘assez douteux, il réunit en réalité deux générations de génies de musique lo-fi, le mythique R. Stevie Moore et le non-moins talentueux Ariel Pink. De quoi se réjouir.
Le dimanche débutera sur les chapeaux de roue avec BLACKIE, artiste hip-hop DIY, terroriste sonore dont le flow rageur secoue comme un uppercut à l’estomac. Question rage, Mudhoney n’est pas le dernier : pionnier de la scène grunge de Seattle, le groupe prouvera qu’il n’a rien perdu de sa superbe. Dans un registre plus électronique, la maison Versatile fera une incursion plus que remarquée puisque Gilb’R et Joakim s’exerceront aux platines pour le plus grand plaisir des festivaliers tandis qu’I:Cube présentera en live son très attendu M » Megamix. Et pour ceux qui se poseraient la question, peut-on faire sonner électro une formation classique guitare-basse-batterie, un début de réponse devrait se trouver dans la prestation sonique des trublions d’Elektro Guzzi, aussi improbable que jouissive. Le dernier rendez-vous de la journée sera tenu par Nguzunguzu, duo ricain au nom imprononçable mais dont la musique, résultat d’expérimentations en tout genre, sonne comme un clash entre cumbia hystérique et IDM classieuse.
Et si toute cette liesse ne vous a pas laissés sur les rotules, le Cabaret Sauvage accueillera les acharnés du dancefloor pour se secouer sur les sets diaboliques de Pearson Sound et François K, mais surtout Plein Soleil, projet inédit et vénéneux des toujours très fréquentables Chloé et Krikor.
Et à l’occasion de cette superbe édition, les programmateurs du Festival vous offre une mixtape vous dévoilant quelque peu le line-up en musique.
Audio
Programmation
VENDREDI 25 MAI
Grande Halle de la Villette
Trabendo
Funkineven
Redhinho
SAMEDI 26 MAI
Grande Halle de la Villette
Cabaret Sauvage
Parc de la Villette (gratuit)
Ariel Pink & R.Stevie Moore : Ku Klu Glam
DIMANCHE 27 MAI
Cabaret Sauvage
Trabendo
Parc de la Villette (gratuit)
MARDI 29 MAI
Trabendo
Peaking Lights
MERCREDI 30 MAI
Cité de la Musique
Tristesse Contemporaine