Qui peut nier qu'à propos de l’Europe, l’UMP et le PS sont en difficulté car, cette Europe d'aujourd'hui c'est bien la leur ! Ils ont tous signés les mêmes traités ; et par négligence, faute de clairvoyance et manque de rigueur, ils ont tous contribué à la domination allemande sur cette Europe.
La question aujourd’hui est la suivante : comment éviter que la dénonciation de ce qu'on n'hésite plus à appeler l’UMPS à propos de la construction européenne ne soit réservée au FN seul ?
Au sujet de ce danger, est-ce que Mélenchon parviendra à endiguer le FN, le FDG ayant déjà échoué à la Présidentielle ? Parviendra-t-il à catalyser le mécontentement et éviter que le FN ne soit en situation de monopole quant à la critique du projet européen tel qu’il a été mis en œuvre depuis l'Acte unique ?
Dé-régulation, marginalisation des souverainetés nationales au profit d'une Commission chargée de l'intérêt général... comme faisant partie d'un projet global à l'échelle mondiale...
Que l'Allemagne soit la figure de proue d’un tel projet pour ce qui est de l'Europe, on peut en douter. L'Allemagne souhaite simplement tirer les marrons du feu de ce projet sur le dos de ses partenaires dans une vue à très très court terme de ses intérêts ; une politique de boutiquier mais sûrement pas, celle d'une puissance avec un projet de domination car, l'Allemagne qui reste un pays peu innovant n'en a ni la modernité culturelle ni intellectuelle (c'est précisément parce qu'elle n'a aucun projet qu'elle ne prend aucun risque ! Un peu comme Thatcher dans les années 80). Dans les faits, l'Allemagne reste un pays qui n'en finit pas de vieillir.
François Hollande, nouvellement élu Président, saura-t-il proposer et imposer une autre voie à cette Europe sans croissance, cette Europe du chômage et de la dette, livrée à la BCE et à une Allemagne qui a fait de la monnaie européenne sa monnaie et sa politique...
Une Allemagne aujourd'hui dans un cul-de-sac - rigidité et orthodoxie bornées et désuètes -, et qu'il nous faudra encore une fois, semble-t-il, sauver (1)... malgré elle... elle et ce satané complexe de supériorité ! Complexe récurrent qui cache très certainement une difficulté d’être au monde et avec le monde, concernée et solidaire au-delà de ce qu'elle croit être ses intérêts... complexe qui la menace, et nous menace tous autant que nous sommes par ricochet car cette Allemagne-là n’a qu’un ennemi : elle-même. Reste à espérer qu'elle ne re-devienne pas la nôtre aussi.
Ne nous y trompons pas : c'est bien l'Allemagne qui a besoin d'être sauvée si une certaine idée de l'Europe doit nous survivre !
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Emmanuel Todd chez "Arrêt sur images" le 4 mars 2011
A propos de l'Allemagne : "Son génie particulier à s’enfermer dans des erreurs et dans une obstination irrationnelle : autorité, obsession délirante de l'austérité... l’Allemagne dont on nous dit qu’elle est une sorte de modèle rationnel, est en fait le symptôme de notre folie."
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1 - Après l'avoir sauvée du Nazisme.
Pour prolonger... cliquez Allemagne, année 2011