Le concept de prophylaxie pré-exposition (PrEP) à base de médicaments antirétroviraux (ARV), rappelle le CNS, a pour principe à proposer à des personnes non infectées d'utiliser des traitements antirétroviraux pour se protéger du risque de contracter le VIH. Dans cet avis, le CNS, à la demande de la DGS, analyse le concept de PrEP pour préciser quelle stratégie, avec quels apports et quelles limites, pourrait au mieux renforcer les dispositifs existants de protection et faire intervenir la PrEP comme un outil complémentaire.
C'est dans le cadre d'une stratégie dite de « prévention combinée », que doit s'inscrire la PrEP, écrit le CNS, une stratégie globale comportant des enjeux indissociablement liés de prévention, de changement de comportement, de dépistage et de traitement, et dans un esprit de complémentarité.
La notion d'usage ciblé « et non un usage large en population générale non infectée » est mise en avant par le CNS : La PrEP n'est pas un outil de prévention « universel » et son intérêt préventif concerne les personnes les plus fortement exposées, en raison de leur communauté ou de leurs pratiques sexuelles (nature des pratiques, nombre de partenaires, usage insuffisant, irrégulier ou inadéquat des moyens classiques de prévention comme le préservatif ou encore impossibilité d'imposer une protection au(x) partenaire(s),…).
La notion d'approche « individualisée » c'est-à-dire de la prise en compte des besoins en prévention de chaque personne, avec une prescription médicale initiale, puis lors des renouvellements, ainsi qu'un suivi médical rapproché (tests de dépistage du VIH, examens biologiques…) est essentielle. D'autant qu'un des risques-également évoqué par le Comité américain- est l'impact de cette nouvelle prévention sur les comportements sexuels et de prévention. Il s'agit donc, lors de sa mise en place ciblée et individualisée, de pouvoir exercer un suivi, non seulement de l'observance du traitement mais aussi de la bonne poursuite des pratiques de prévention.
La mise en place de ce nouvel outil devrait s'accompagner d'un dispositif complet d'information, recadrant la PrEP dans l'approche de prévention combinée mais avec un accompagnement adapté à chaque individu. Le CNS évoque notamment le développement de structures de type « centre de santé sexuelle », capables d'associer les ressources médicales requises par les outils biomédicaux et une offre globale de services dont un conseil en santé sexuelle. Une mise en place qui devra également être suivie sur les plans de la pharmacovigilance, de la surveillance virologique et épidémiologique.
Source : CNS Synthèse de l'Avis