La réforme de la police ou comment rater un changement pour les nuls
Publié le 11 mai 2012 par Christophefaurie
M.Sarkozy a dû lire mes livres. Mais il s’est arrêté aux
premières pages. Celles dans lesquelles je décris les ratages du changement. Avec la réforme de la police, la réalité dépasse la fiction. Voilà ce
qu’en dit le Monde :
Ce que M. Sarkozy ministre de l'intérieur avait accordé aux
policiers, M. Sarkozy président le leur a retiré. Alors que la pression sur les
résultats est toujours aussi forte, les effectifs sont passés en dessous de
leur étiage de 2001. Après avoir supprimé les adjoints de sécurité (héritiers
des emplois-jeunes) pour les remplacer par des titulaires après 2002, le mouvement
inverse est à l'œuvre : les postes supprimés sont compensés par des précaires.
La réduction des effectifs ne s'est accompagnée d'aucune rationalisation des
structures. Alors on rogne par-ci par-là. Telle unité antiémeute est
dévitalisée sans être supprimée, les brigades anticriminalité des petits
commissariats ne tournent plus qu'avec deux fonctionnaires, au risque de les
mettre en danger.
C’est net
et sans bavure. C'est l’idéal type de ce qu’il ne faut pas faire.
- M.Sarkozy croit au pouvoir de la raison pure. En donnant des
objectifs ambitieux à la police, elle va travailler mieux, ce qui va permettre
de réduire ses effectifs. Non ? M.Sarkozy fait l’hypothèse implicite que
les fonctionnaires de police sont des tirs-au-flanc dont le moteur est le bâton
et la carotte.
- En fait, M.Sarkozy cherche ce que l’on appelle dans
l’entreprise un « gain de productivité ». L’entreprise sait que pour
l’obtenir elle doit réinventer ses procédures de production
(« reengineering » dans le langage du consultant, « rationaliser ses structures » dans
le vocabulaire de l’article). Ce qui demande un investissement. Mais M.Sarkozy n'est pas un homme d'entreprise. Que se passe-t-il ici ? Ce que le sociologue Robert Merton
appelle une « innovation » : l’organisation devant faire quelque
chose d’impossible, elle triche. Elle fait des trous dans la coque pour alléger le
navire, selon mon expression favorite.
Compléments :