J'ai regardé la fumée de mon joint monter et le sable qui serait toujours là, les rochers aussi.
Comment savoir si les choses restent les mêmes quand on s'éloigne ?
J'ai fixé un point du bar, j'ai voulu imprimer une image de la soirée, garder un souvenir.
Un feu d'artifice a explosé et tout le monde a hurlé en jetant les bras vers le ciel. Au milieu de
cette turbulence, je suis resté immobile et c'est cette image dont j'ai décidé de me rappeler.
J'ai souri à cette fille que je croise depuis un an sans jamais lui avoir parlé. J'ai pensé à tous
les gens que je n'ai pas eu le temps de connaître, j'ai pensé à tous ceux que je n'allais plus revoir.
Bien sûr j'ai pensé à elle.
J'ai fait quelques pas dans l'eau, j'ai ramassé un coquillage que j'ai reposé tout de suite.
J'ai commandé un autre verre, je me suis dit que la musique était super, j'ai posé ma main sur
la carte de l'île, j'ai fermé les yeux.
J'ai dit "Alors c'est à ça que ressemble un rêve quand on le regarde par la fin".
Je n'ai pas vraiment envie de partir, mais j'ai de la route à faire.
Un jour j'ai décidé de ne plus rester assis, depuis je ne peux plus m'arrêter de marcher.
Il faudra que je prenne un bateau, que je subisse un bus, il faudra que j'achète un billet d'avion
et je sais déjà que quand on va me dire "pour où ?" je vais marquer une pause avant de répondre.
J'ai pas mal de chemin devant moi, d'autres histoires, d'autres gens.
Je reprends ma marche donc. Sans doute que là-bas il fera froid, je ne pourrai pas rester de toutes
façons. Je ne m'attache plus. Sur mon cœur, j'ai écrit "liberté" et le mot cogne dans ma poitrine.