Une poignée de main peut être vue comme un signe universel, assez amical compris par tous.
On serre la main d’un ami pour le saluer, une poignée de main pour conclure un contrat avec le diable dans le monde des affaires, ou encore dans le sport, après une défaite 54 à zéro lors d’un match de foot, même si on aimerai que cette poignée se transforme en coup de poing dans la gueule.
Peut être un peu trop banale parfois, la poignée de main a perdu un peu de son sens à proprement dire, on sert la main un peu à tout le monde en prononçant des « Si si la famille » à tout va, tout en sachant pertinemment que ces personnes ne font pas parties de notre famille, ni de nos amis d’ailleurs.
Certes ces poignées en elles-mêmes ne font de mal à personne, mais c’est légèrement différemment si on se retrouve face à une poignée mortelle.
Une poignée de main directe avec la mort, qui se fait un vilain plaisir d’absorber toutes substances de notre corps, en nous laissant pourrir sur le sol d’une rue où tout le monde vient habituellement faire ses besoins.
C’est un peu dans ce cadre d’esprit que Death Grips a décidé d’agir. Death Grips c’est la poignée de main qui marquera la fin de votre vie, se faire serrer la main si fort que votre corps finira par exploser à un moment ou l’autre.
Death Grips est un groupe de Rap Hardcore/experimental, qui nous vient de Sacramento (Californie), et qui a l’avantage de proposer un univers vraiment différent de ce qu’on est habitué à entendre.
Composé par Stefan « Mc Ride » Burnett pour les vocales et par Zach Hill & Andy Morin à la production, clavier, et batterie : ils débarquent dans le rap jeu, qu’ils exploitent à une sauce bien différente, et ils en ont un peu rien à foutre si ça ne plaît pas.
Si le terme « Rap Hardcore » ne vous avance pas trop, imaginez vous un mélange entre Salem (pour les beats un peu witch house), Rage againt the machine (pour l’énergie et la violence au micro) et Rick Ross sous speed et acide et vous obtiendrez Death Grips : le mélange parfait au final.
Après une première mixtape en 2011 (Exmilitary) et un premier E.P. éponyme la même année, Death Grips a choisi que 2012 serait son année, avec la sortie de deux albums. Stratégie particulière pour pouvoir bien encadrer ses disciples ? En tout cas nous allons déjà voir, si avec le premier opus le charme à commencer à opérer ou non.
The Money Store qui vient tout fraîchement de sortir sur Epic Records précède donc la sortie de No Love qui devrait voir le jour vers la fin de l’année.
The Money Store, à la première écoute vous transporte directement dans un manège qui accélère beaucoup trop pour que notre coeur et notre cerveau puissent suivre le rythme. On frôle la mort, et pourtant c’est si agréable, de ne plus comprendre grand chose, dans un manège qui atteint une vitesse des plus grandes.
A travers 13 chansons, c’est des claques, des insultes, de la violence qui nous envahissent, et c’est pas pour nous déplaire, libérer un peu tous ses démons, être dans son lit, tout de transpiration vêtu, en se demandant si on arrivera à dormir un jour.
Comment ne pas tomber sous le charme de chansons comme The Fever (Aye Aye), I’ve seen footage ou Hustle Bones qui dématérialisent tous les principes existants, et qui nous attaquent par un front inattendu : la surprise se fait très bonne pour une fois.
Sauf que cette surprise a lieu treize fois, et qu’on a très peu de chances de pouvoir se reposer entre temps.
System Blower, c’est ce nouvel ordinateur tout beau, tout neuf dont est super fier. On va enfin pouvoir faire tourner Counter Strike en Haute définition et zigouiller des terroristes de partout, sauf que d’un coup un gros virus vient tout détériorer de l’intérieur, supprimant peu à peu tous les fichiers système. Après s’être senti très con pendant quelques minutes et avoir pleuré comme une merde, on décide de revoir la lumière du jour, qu’on n’avait pas vu depuis un moment apparemment. Le soleil semble beau mais nous irrite un peu trop les yeux, jusqu’au stade où on ne voit plus grand chose, ce qui nous sera fatal sur une route, écrasé par Jean Moustache, camionneur de père en fils.
Hustle Bones, une course de formule 1, chacun essaye d’avoir la plus grande vitesse sans se soucier de son adversaire. Après quelques tours, la course battant son plein, on se sent prêt à passer à la vitesse supérieure, mais d’un coup, l’hologramme de 2Pac apparaît en plein milieu de la piste, tous les conducteurs n’en revenant pas, et ne faisant plus trop attention à leur trajectoire, finiront par tous se rentrer dedans pour proposer une belle explosion nucléaire qui mettra le public en folie.
The Fever (Aye Aye), c’est être en boîte de nuit et enfin comprendre ce que voulait dire NTM avec son titre La fièvre. Après avoir pris un teint rouge écarlate, on commence à péter un câble et à devenir paranoïaque. On vomit sur tous les murs, on casse tout en faisant des toupies avec notre jambe en l’air : les videurs n’y pourront rien, nous sommes posséder, posséder par le Dieu de la danse : Bruno Vandelli.
Death Grips est un grand espoir du rap alternatif en cette année 2012, et réussit à nous faire totalement pénétrer dans son monde. Pour un groupe assez récent (crée en 2010), Death Grips s’impose à l’aide d’un parcours sans fautes, et nous ne sommes pas du genre à cracher dans la soupe, surtout quand celle ci est très bonne.
Le rap alternatif montre à nouveau qu’il n’a pas de limites, si vous n’avez pas réussit à être séduit par les Odd Future ou les A$AP, Death Grips est ici pour vous mettre une méchante claque.
Peut être trop expérimental pour certains, il est sûr que beaucoup ne s’y retrouveront pas et pourtant ils rateront quelque chose, car on a ici une révélation hip hop, qui nous envahit d’une violente énergie.
The Money Store, nous laisse en vie mais assez endommagé, qu’en sera t’il pour No Love, qu’on attend désormais avec impatience.
On espère que No Love apportera encore plus de nouveautés tout en restant complémentaire avec son prédécesseur.