11 mai Des nouvelles de demain 2/4 - Nouvelles de demain Mon pouls est normal, ce qui est très étrange, son appareil a dû être irradié. Ma nièce la débrouillarde, se pointe masquée avec un compteur, elle le met en branle : il explose… Je souris béatement. Et je sors nu ou presque et je danse sur la rue principale exsangue, alors qu'à cette heure, normalement, il n'y a pas moyen de traverser… Tous les feux sont au vert, seules les vitrines blindées, celle de la banque et de la bijouterie sont intactes et reflètent une lumière céladon, les platanes ont perdu toutes leurs feuilles et je danse, à cheval sur la ligne blanche, qui a vu tant des cadavres imprudents malaxés par les poids lourds. Un blindé émerge du brouillard glauque, une porte s'ouvre au-dessus, comme un encrier d'avant la grande mutation, et un être caparaçonné s'extirpe du vaisseau, fusil laser au poing. Un extra terrestre sans doute. Mais je ne crains rien les balles ne peuvent rien contre un corps mort. Le point rouge danse sur ma poitrine, plop, je tombe, même pas mal… Le temps que je me relève ils sont trois que le char a accouchés à me saisir et moi, moi je rigole de toutes mes dents vertes… L'homme qui a tiré recharge une espèce de balle jaune, à peine plus grosse qu'une balle de ping-pong. Je distingue une croix rouge sur l'ovni kaki, drôles de manières de communiquer, ces secouristes d'un autre monde. Avant de me forcer à entrer dans leur engin, ils échangent des propos qui paraissent sibyllins. Ils n'auraient pas dû. J'en profite pour me cavaler, jamais je n'ai couru aussi vite et me noie dans le brouillard fluo. Comme je connais mieux le village qu'eux, je me planque dans un clapier au milieu des lapins morts… Plus fragiles que nous ces bestiaux. Quoique, je suis bien mort moi aussi. C'est drôle je ne m'imaginais pas la fin comme ça. En fait, en bon païen, je m'imaginais la fin comme une fin. Point. Petit à petit la nuit se mêle au jour. Lentement sans à coups. Des rayons scient l'atmosphère polluée : ils continuent les recherches… Mon portable se met à vibrer. Décidément ces saloperies ont la peau dure. On est obligé d'en porter un depuis la loi de 2015, Martin Bouygues, était alors ministre de la publicité et de la consommation. Je laisse le téléphone s'exciter, je suis en dérangement. C'est ma mère, je m'en doutais, elle me délivre un message fébrile, m'exhortant à rentrer derechef. J'fais c'que j'veux, j'suis mort !! - Allô allô, Monsieur Brissart, si vous ne vous rendez pas rapidement, vous êtes mort ! Mais je suis mort ! Tiens je me mords le bras. Jusqu'au sang. Et je ne sens rien. Et eux aussi ils sont morts, mais ils ne le savent pas… Et ces aliens, d'où viennent-ils ? c'est eux, la centrale, c'est sûr. Z'ont pas eu beaucoup de difficulté, remarquez… Les extrémistes de Greenpeace y sont rentrés comme chez Pizza Pino et se sont fait irradier en toute sérénité… Cherchez-moi, et si vous me trouvez, me tuerez-vous, pour m'empêcher de mourir ? A suivre... demain !
© Black-out