Magazine Sport
Mon récit sera plus court ce soir: il est tard, tout le monde dort au gîte (j'écris dans la salle de bain!) et je suis vraiment fatigué.
La journée a été longue et dans l'ensemble, vraiment pénible. C'est la première fois que l'aspect challenge sportif et physique prend le pas sur le plaisir de voyager et de découvrir à pied... Il a fait très chaud.
Je suis parti pas très tôt, après un bon petit déjeuner chez mes hôtes gascons. Le temps de doubler mes compagnons de table d'hier soir et de leur souhaiter bonne route, puis quelques autres marcheurs, et je suis seul sur les chemins du Gers. La première section, boisée, est agréable. Seul un passage dans les vignes, où les vignerons ont du couper quelques indications, me perd un peu. Je ne suis d'ailleurs pas le seul à chercher ma route ici.
Je la retrouve cependant sans problème et va d'un pas encore solide jusqu'à Hause. La ville est animée, c'est jour de marché. Une dame m'interpelle: "Je vous lis tous les jours". Je la remercie; elle est une amie de Lionel, le patron de Terdav, qui habiter à Lectoure où je suis passé ily a peu.
Je reprends ensuite ma longue marche solitaire, à travers chemins et petites routes secondaires. La campagne y est aimable mais s'étire un peu. Par moment, le soleil frappe vraiment très fort et je commence à fatiguer.
Un arrêt déjeuner pas inoubliable à Arcier plus loin, je rejoins tant bien que mal Nogaro. A l'entrée de la ville, une maison qui borde le chemin érige trois panneaux rouges "propriété privée, défense d'entrer" alignés sur dix mètres, sans doute à l'attention des pélerins qui passent au bord du pavillon. C'est la première marque franchement hostile que je rencontre sur le chemin, à côté des innombrables marques de sympathie inscrites un peu partout. Quelqu'un a d'ailleurs ajouté "la propriété c'est le vol" sur une de ces pancartes.
La fin de la journée m'est vraiment pénible. Sur le goudron, mes pieds chauffent, les ampoules se réveillent. Je suis souvent à cours d'eau. Gentiment, deux personnes m'en donneront dans leur jardin. La dernière, une vieille dame; m'indique que nomb reux ont été les pélerins à faire de même aujourd'hui.
Il me reste une quinzaine de kilomètres et je peine. Le paysage est un peu monotone, la chaleur ne tombe guère. J'entre enfin dans Barcelone (du Gers, bien entendu!) puis me traîne jusqu'à AIre sur Adour. J'y dîne vraiment harassé avant de rejoindre le gite pélerin voisin où Jean-Michel, le propriétaire, m'a attendu. Il me fait très bon accueil: "C'est la première fois que je vois quelqu'un qui arrive de si loin en une journée et ça fait 20 ans que je tiens le gîte!" me dit il, éberlué et admiratif.
Je vais essayer de me remobiliser pour repartir dans de meilleures dispositions demain! Merci pour vos soutients...