Après un teaser/trailer énigmatique paru à l’E3 2008, I Am Alive n’a cessé de susciter notre curiosité même si par moment il se faisait discret. Présenté initialement comme un AAA, l’un de nos confrères avait lancé une rumeur faisant entendre que le jeu allait devenir un titre sur PSN et XBLA, ce qui s’est finalement avéré vrai. Pourtant, la transition sur ce petit format n’a pas empêché l’éditeur français de maintenir la qualité de production accordée à ses autres titres comme Splinter Cell (dont il partage le moteur). Cependant en termes de contenu, il ne faudra pas s’attendre à un volume équivalent…
Ne poussez pas papa à bout, il pourrait faire une mauvaise chute...
Vous êtes un père de famille, revenu dans votre ville de résidence afin de retrouver les vôtres un an après une catastrophe apocalyptique. Celle-ci a réduit les plus grandes villes en débris et en poussières (toxiques), et les survivants, aussi minces soient-ils, se débattent dans un monde devenu hostile. Mais rien de surnaturel ici, pas de zombies ni d’aliens, seul l’environnement, les catastrophes naturelles et les gens veulent votre peau. Je vous le répète encore une fois : vous êtes un père de famille normal, pas Ezio, ni Sam Fisher et votre capacité d’escalade est limitée. En effet, I Am Alive combine un gameplay d’action/plate-forme et de gestion qui marche plutôt bien, surtout dans le contexte. Que notre homme ordinaire sache escalader c’est déjà bien, il ne faudra pas trop lui en demander. C’est à vous de faire attention à la barre de stamina qui se tient aux côtés de la barre de vie. Toute action contraignante comme courir, grimper ou sauter brûle vos calories (ici, on tient à les garder), et il faudra se reposer entre deux acrobaties afin de la remplir à nouveau. Des efforts excessifs, c’est à dire pendant que la jauge est vide, feront carrément baisser la capacité de stamina en soi avant de tuer le bonhomme. Si cela vous arrive et que vous n’avez pas de moyen pour la rehausser avec des ressources (ex : bouteille d’eau), recommencez depuis le dernier checkpoint. Si vous ne le faites pas, vous apprendrez trop tard que les sauvegardes sont automatiques, et qu’elles enregistrent toutes ces informations (cela est également valable si l’on reprend un chapitre). Soyez sûr d’être dans les meilleures conditions avant de continuer. Vers la fin du premier chapitre, des obstacles ne m’ont laissé qu’une mince barre de stamina. Arrivé au niveau suivant, j’étais bien embêté lorsqu’il fallait traverser le nuage de poussière (qui fait lui aussi baisser la jauge) alors qu’il n’y avait aucune ressource pour se ravitailler dans la zone où je pouvais arpenter avec mon faible énergie. Du coup, il m’a fallu recommencer entièrement le jeu en y faisant cette fois attention. Malheureusement, rien ne l’indique clairement ou nous prévient de ce danger, même si le nombre limité de chargement des checkpoint le sous-entendait.
Dans les combats, vous allez souvent commencer par raser la barbe.
I Am Alive est un jeu d’action-aventure linéaire, mais cela ne l’empêche pas d’avoir une saveur d’exploration. Les quelques petits détours et recoins que l’on peut trouver nous offrent des ressources supplémentaires qui peuvent s’avérer très utiles. Vous trouverez également d’autres survivants sur votre chemin, certains hostiles (sur lesquels on reviendra), d’autres en détresse. Cette dernière espèce vous demandera de dépenser vos ressources d’une manière ou d’une autre (tirer sur un cadenas ou des menottes, donner une cigarette ou une bouteille de vin) en échange d’un rechargement de checkpoint supplémentaire, et parfois des informations (pas très utiles pour le gameplay). Cela ne pose pas tellement de dilemme dans la difficulté normale où les ressources sont plutôt abondantes. Ce manque de ressources rend les combats plus réfléchis et mesurés. Pas question d’avoir la gâchette facile, ni d’espérer faire des enchaînements de coups à la machette. Il faudra jouer sur l’intimidation, surtout quand l’on est surpassé en nombre. On devrait même éviter les confrontations même s’il n’y a pas tellement de mécaniques favorables à l’infiltration… Au fil du temps, les combat deviennent assez répétitifs avec un certain pattern, bien que l’on tente de pimenter cela avec de nouveaux éléments comme l’arc et des ennemis en armure. Aussi, le système de combat nous empêche d’être réactif. Bien qu’il fut sans doute son intention, là on a l’impression de contrôler un vieux robot rouillé et de toute manière si l’on a pas assez de munitions, on ne peut pas se déchaîner. On se serait aussi bien passé du coup de grâce qui est même une nuisance, surtout lorsqu’il est mappé sur le même bouton que l’intimidation. Il vous arrivera souvent d’avancer vers les ennemis restant en matraquant le bouton de menace, même à proximité d’une victime précédente à terre. Résultat : l’action contextuelle se lance, et pendant que vous assistez à l’animation de coup de grâce, les complices du pauvre gars en profitent pour vous hacher.
Le plus gros toboggan du monde en vue !
Pour rester dans le “réalisme”, le scénario de I Am Alive n’est pas excessivement dramatique (outre le fait qu’un monde post-apocalyptique le soit déjà un peu), et reste sur quelque chose qui sert seulement de justification et motifs aux actions du personnage. Néanmoins, que ce soit en terme de courbe de difficulté ou de scénario, on aurait aimé un climax moins plat. La narration se fait à travers une caméscope qui sert de justification quant aux points de sauvegarde. Bien que le scénario du jeu n’ait rien d’exceptionnel, on peut dire que le monde qui a été créé autour reste assez intriguant et Ubisoft n’hésite pas à l’exploiter. Eh oui, après 3, 4 heures de jeu, on se retrouve avec un cliffhanger qu’Ubi adore tant (dans tous les sens du terme) en ce moment. On peut imaginer une suite soit dans le même format, soit sur support physique, selon les performances de ce premier titre. En attendant, on peut recommencer celui-ci dans la difficulté supérieure. D’ailleurs, je ne vous conseille pas d’y passer directement, le niveau normal n’étant pas si facile et ce mode de jeu étant l’une des seules choses qui puissent donner de la rejouabilité au jeu. La qualité graphique reste potable tant que l’on ne s’approche pas trop de l’écran. Je retrouve un effet de grain vu sur la démo Xbox 360 de Splinter Cell: Conviction, peut être même accentué de par le style graphique et par les contraintes techniques.
I Am Alive vaut le détour si vous voulez voir à quoi ressemble un environnement post-apocalyptique sans nucléaire, ni zombies. Cette idée de gestion de ressource est assez bien combinée avec les mécaniques de plate-formes et de combat, le démarquant des autres titres du genre par un rythme plus prudent et calme. Dans l’ensemble, on a un jeu dont le concept est plutôt bien exécuté bien qu’on puisse ressentir de la redondance dans ce court jeu XBLA/PSN.
Score: 3.5 out of 5 stars