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Un maupassant, un !

Publié le 10 mai 2012 par Dubruel

 

LE MAL D’ANDRÉ 

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Voulant

Obtenir un rendez-vous galant

Avec Mathilde, la femme

De Maître Caurame

Etienne,

Beau capitaine,

Implorait la dame

En termes attendris.

Elle résistait.

Cependant elle se sentait

Négligée par son mari.

 

Un jour, le notaire

Partit

Une semaine à Paris

Pour affaires.

Mathilde, libre comme l’air,

Aimée par le militaire.

Céda,

Non sans réticence,

A l’insistance

Du soldat :

-Mathilde, mon amie,

Ma chérie

Entrons chez vous.

Votre maison est à deux pas.

Ne voulez-vous

Pas ?

-J’ai peur, de ce qui arrivera.

Etienne la serra dans ses bras :

-Vos domestiques sont à l’étage.

Ils n’entendront nul tapage.

Elle tomba défaillante,

Palpitante

Sur le divan.

Etienne se mit à genoux devant

Elle et la déshabilla lentement,

Elle sortit de ses jupons

Comme une main sort d’un manchon.

Puis toujours effarouchée,

Mathilde s’étendit sur le lit

Et alla cacher

Son visage sous le polochon.

Etienne en hâte l’y suivit.

Mais dans sa précipitation,

Son sabre tomba sur le parquet glissant

Avec un bruit retentissant.

Consternation !

Aussitôt, un cri aigu,

Un cri d’enfant partit

De la pièce contiguë

Sapristi !

La porte était ouverte

Ou restée entrouverte.

Mathilde murmura :

-Madré !

Tu viens de réveiller André.

Il ne pourra

Se rendormir sans moi.

Son fils avait quinze mois.

Il couchait près d’elle

Afin qu’elle

Pût, la nuit,

Veiller sur lui.

 

En bon baroudeur,

Le militaire, fou d’ardeur,

Susurra, courtois :

-Je t’aime, tu es à moi !

Mathilde se débattait :

-Si la nourrice descendait ?

Quand il crie ainsi la nuit,

Son père le prend dans notre lit

Pour l’apaiser.

Ainsi, André se tait, épuisé.

Permets-moi de le prendre, Etienne.

Le capitaine

Consterné, laissa

Faire la mère qui alla

Chercher le mioche

Qui méritait des taloches.

Elle l’apporta dans la couche.

Minouche,

Il se tût, se rendormit.

Mathilde remit

Son lionceau

Au berceau.

 

Quand elle revint se coucher

Le biffin amouraché

L’enlaça.

Sous le duvet.

Elle balbutia :

-Si tu savais

Comme je t’aime, mon ami !

Trois fois de suite,

André il fallut le recoucher

Trois fois de suite

Sa mère dût le rechercher.

Pour calmer son amant,

Mathilde lui dit encore :

Reviens demain, trésor.

Le lendemain, en parfait gentleman,

Etienne, excité mais reposé

Revint. Il eût soin de poser

Son sabre avec douceur

Sur le radiateur.

Il parlait si bas

Que Mathilde ne l’entendait pas.

Enfin, ils allaient être heureux

Tous les deux, amoureux.

Etait-ce la baraka ?

 

Non, le lit craqua.

Aussitôt le cri maudit,

Suraigu y répondit.

Le nourrisson

Allait réveiller

Toute la maison.

La mère affolée

S’élança et au lit le rapporta

Étienne, lui, ne se leva pas.

Mais le marmot recommença

À brailler. Le capitaine jura :

-Tonnerre !

Ce morveux-la

Ne va t-il pas se taire !

Non, il beuglait

Comme si on l’étranglait.

Mathilde s’élança :

-Viens, bébé joli…

Elle le rapporta

Dans son lit.

Le marmot.

Devint muet aussitôt.

 

Alors Etienne prit, entre deux doigts,

Un peu de chair du rabat-joie

Aux fesses et à la cuisse.

Et il pinça.

Supplice !

André hurla.

Le capitaine pinçait,

Pinçait. Il saisissait

Vivement

Un bourrelet, le tordait

Serrait violemment,

Puis lâchait

Pour en prendre un autre

Puis un autre.

L’enfant lançait des clameurs

Comme celles d’un porcelet placé

Sous le couteau d’un égorgeur.

La mère l’embrassait,

Le caressait,

Essayait de le calmer.

Mais il devenait violet. Brimé,

Il agitait ses petits pieds

Et déployait

Ses mains d’une façon effrayante

Navrante.

Tout son corps vibrait de secousses.

Le capitaine dit d’une voix douce :

« Remets ton vermisseau

Au berceau ;

Dans ses draps,

Il se calmera. »

Hors du lit de la mère,

Les cris s’apaisèrent.

André bien

Tapi dans le sien

Se tût.

Le reste de la nuit fut

Tranquille.

Les amants poursuivirent leur idylle.

La nuit suivante, Etienne revint encore.

Comme il parlait un peu fort,

André se réveilla de nouveau

Et se mit à glapir.

Sa mère courût le sortir du berceau.

Etienne, pour le punir,

Pinça si durement,

Si longtemps

Que le marmot

Suffoqua,

Ecuma.

On le remit dans son berceau.

Il se calma aussitôt.

Au bout de quatre jours,

Il ne pleurait plus pour

Aller dans le lit maternel.

Etienne pouvait aimer sa belle.

Le notaire revînt le samedi.

Il accomplit

Ses devoirs conjugaux,

Tout de go.

Il s’étonna : « André ne pleure plus ?

Va donc le chercher. En plus,

Ça me fait plaisir

De le sentir

Couché entre nous. »

La femme alla

Prendre le minou.

Coincé entre Mathilde et le notaire

André hurla

Tant

Qu’il fallût, pour le faire taire

Le reporter dans son berceau.

Maître Caurame,

Dam,

N’en revenait pas :

« Qu’est-ce qu’il a ?

Peut-être n’a-t-il pas

Sommeil ? »

« Il a toujours été sage

Pendant ton voyage. »

Au matin, lors de son réveil

L’enfant se mit à jouer et rire

Attendri, le rond de cuir

Accourût, l’embrassa

Puis le porta,

Triomphal,

Dans la couche conjugale.

André aperçût le grand

Lit, sa mère allongée dedans.

Sa figure se plissa,

Se décomposa.

Des cris furieux

Sortaient de sa gorge irritée,

Des larmes énormes, de ses yeux.

Il se démenait

Le père étonné

Dit : « il a quelque chose ce bébé. »

Il le saisit. Un instant,

Resta bouche bée.

Puis fulminant,

Il lança un « ah ! » de stupeur.

HORREUR !

Le corps du petit était marbré de taches bleues.

– « Mathilde, regarde, c’est affreux,

Indubitable.

Il a sûrement une maladie effroyable,

Le commencement d’une sorte

De lèpre. Qu’importe,

Il faut aller chercher

Le docteur Vauchet. »

Mathilde, plus pâle qu’une morte

Poussa un cri irréfléchi, de cette sorte :

« Oh, le misérable ! »

Le notaire, surpris, lui demanda :

« Hein ? De qui parles-tu ?

Quel misérable ? »

Elle devint d’un rouge nacarat

Jusqu’aux cheveux et balbutia :

« Rien… C’est… Vois-tu… »

– « Je devine… C’est… C’est assurément

La misérable Marie,

Cette perverse nourrice,

Qui le pince méchamment,

Lui inflige un tel supplice

Pour le faire taire quand il crie. »

Le notaire convoqua Marie

Et faillit la battre

Comme plâtre.

Elle nia avec effronterie.

Sa conduite ayant été signalée à la mairie,

Marie, licenciée, n’a pu trouver, ma foi,

Aucun nouvel emploi.

Ella DIHUIS


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