Dimanche soir, il s'est passé un truc incroyable. François Hollande s'est attardé à Tulle jusque tard, avant de repartir pour Paris pour rejoindre la place de la Bastille. Pour regagner la capitale, il n'a pas choisi d'attendre le train du lendemain matin. Ni de prendre le dernier vol Tulle/Paris. Ce dernier était parti depuis belle lurette.
François Hollande a pris un avion privé, loué pour l'occasion. Valérie Trierweiler, des agents de sécurité et son biographe l'accompagnaient. Le président élu n'avait pas réglé de sa poche la location de ce vol. Ce n'était plus une dépense de campagne... hé hé hé ... La campagne était terminée depuis vendredi soir 20 heures. Ce n'était non plus pas un cadeau, le Parti socialiste a réglé l'addition.
Dès lundi, quelques UMPistes tentèrent de lancer la polémique: Hollande, dans un jet privé ? Quel scandale ! L'agacement fut même relayé par Jean-Michel Apathie au Grand Journal de CANAL+ . L'éditocrate en chef croyait jouer les journalistes d'investigation... C'était drôle. Hollande n'avait pas caché son retour sur Paris, accompagné qu'il fut, jusqu'au tarmac, par une foule de journalistes, photographes et caméramen.
On ne savait pas ce qui gênait tant l'UMP. Mercredi 9 mai, Damien Meslot, un député UMP, demanda à François Hollande de «s'expliquer sur la location de deux avions privés», utilisés dimanche soir par le président élu et son équipe pour regagner Paris. Dixit le Parisien,
Selon lui, François Hollande, qui a affirmé «que son quinquennat serait le mandat de l'exemplarité et de la morale en politique, a déjà menti aux Français». Et de lui demander de «payer sur ses deniers personnels le coût de ses deux appareils de luxe empruntés le soir de son élection».
Mais pourquoi donc s'énervaient-ils ? Durant les 5 années écoulées, les scandales Bling Bling et autres confusions des genres n'avaient cessé, pour atteindre un niveau symbolique et quantitatif hors normes sous la Vème République. Rappelez-vous donc le dîner du Fouquet's (deux heures avec une centaine d'amis et de proches, parmi les plus riches et les plus puissants du pays), l'escapade à Malte, avec le jet avait été prêté par l'ami Bolloré yacht, le yacht Paloma également prêté; les félicitations étrangères encombrantes (comme celle de Silvio Berlusconi: « je suis le modèle de Sarkozy »); les escapades à Marrakech, Pétra (décembre 2007), New-York, ou même ce séjour à 49 000 euros dans un luxueux hôtel mexicain payé par un milliardaire, membre du Conseil d'administration de Citigroup, et soupçonné de narco-trafic dans les années 1990.
Rappelez-vous l'Airbus présidentiel à 300 millions d'euros, les sondages pour savoir si le mariage avec Carla était une bonne idée; les photographies de Carla Bruni en robe du soir sur le toit de l'Elysée pour le magazine Vanity Fair; la collecte de fonds pour le Premier Cercle de l'UMP jusque dans l'hôtel Bristol, situé en face de l'Elysée. Rappelez-vous l'épouse du ministre du budget embauchée par Liliane Bettencourt en pleine fraude fiscale; les 4X4 Nissan prêtés à Mégève au couple Sarkozy par on ne sait qui; les allers-et-retours en avions de la République, presque chaque weekend de printemps et d'été, entre Paris et le Cap Nègre.
Rappelez-vous cette présidence si exemplaire que j'ai peine à comprendre ce que ces quelques UMPistes cherchent à faire avec cette histoire de jet de François Hollande, ce 6 mai 2012.