Les villes sont des lieux singuliers d’échanges et d’interactions entre des personnes, des communautés ou des territoires. Chaque ville possède son caractère distinctif, ses pratiques sociales et ses dynamiques qu’il est possible, en tant que chercheur, de comprendre et d’analyser. Ce 9e Colloque de la Relève VRM à vocation multidisciplinaire est organisé par le réseau Villes Régions Monde. Il donne aux chercheurs en émergence la possibilité de présenter leurs résultats de recherche devant un public intéressé par les enjeux urbains. Cette activité permet également aux participants de soulever des questions et de débattre d’enjeux à partir d’études de cas et d’exemples comparatifs. Finalement, ce colloque est une occasion pour les étudiants de cycles supérieurs d’aborder des questions méthodologiques, entre autres choses, par rapport à l’incontournable question du choix de l’échelle d’analyse. Conférence d'ouverture : Christian Grataloup, "Des rides sur le portrait du monde".
Résumé de la conférence : "Nous sommes usagers d’une lecture du Monde particulière, celle que les Européens ont projetée sur l’écoumène avec les « Grandes Découvertes », sans être toujours conscients qu’il s’agit d’un héritage. Que cette grille de repérage et d’interprétation plonge ses racines dans la cosmogonie du Croissant fertile, de la philosophie grecque et de la théologie médiévale, ne la rend pas moins spécifique. Or, la représentation du Monde avec laquelle les acteurs géopolitiques contemporains agissent en découle et les influence. Le planisphère est une sorte de message subliminal d’autant plus efficace qu’il semble aller de soi ou ne poser que des problèmes techniques. Il en va de même pour les zones (tropicales, tempérées, froides) qui ne semblent qu’être climatiques, les hémisphères, les méridiens et les parallèles, les découpages continentaux et océaniques... Cet héritage occidental pouvait sembler (à tort) « naturel », il y a un siècle, quand l’Europe était effectivement au centre du Monde qu’elle avait construit. Aujourd’hui, l’espace mondial ne peut plus être lu ainsi. Le décalage entre les catégories géographiques majeures et les dynamiques contemporaines (émergences de nouveaux « grands », mondialisations, multipolarité, crises des vieux centres, métissages et migrations multiples...), brouille la lecture de la carte de l’écoumène. Ce qui a pu passer pour intangible, comme la zone tropicale ou les limites de l’Afrique ou de l’Asie, devient problématique. Une première urgence consiste à bien prendre conscience de l’historicité de notre vision du Monde, de l’origine des catégories géographiques utilisées, de leurs frontières tracées et de se rendre compte qu’il en aurait pu être autrement – par exemple si les grands voyages chinois du début du XVe siècle ne s’étaient pas interrompus brusquement. On mettra particulièrement l’accent sur l’analyse critique du couple Nord- Sud et les risques dont ce stéréotype est porteur. On esquissera ce que pourrait être la représentation d’un monde où les franchissements de frontières sont tout aussi importants que le découpage, ou le puzzle doit s’accommoder des réseaux (et réciproquement)." Exposition photographique : Yves Arcand, "Ordre et paysage urbain"