Voici le texte de préparation pour le 9e Colloque de la Relève VRM (Réseau Villes Régions Monde) des 17 et 18 mai à Montréal : "La ville comme lieu d'interface". L'ensemble des textes de préparation est disponible sur le site du Réseau VRM et dans les liens du billet précédent consacré à ce colloque (partie "programme"). L'intervantion sera consacrée à la question de la ville en guerre comme objet géographique permettant de questionner la ville comme lieu d'interface.
Résumé de l'intervention :
"Les
villes en guerre sont un « laboratoire » pour la recherche sur la
symbolique des lieux, sur le marquage de l’espace et sur la construction
d’espaces géosymboliques. En effet, par la destruction de lieux-cibles dans la
ville, certains acteurs en armes ne visent pas des avantages militaires, mais
la destruction de l’urbanité, c’est-à-dire de la ville comme espace de
rencontres et comme lieu d’interface pour les populations
« brassées » dans un même espace de vie. Au prisme de l’urbicide
(néologisme proposé par Bogdan Bogdanovic pour décrire le meurtre de la ville)
et des modifications coercitives du peuplement, l’analyse de la ville en guerre
interroge les espaces de rencontre dans la ville (lieux-cibles des acteurs en
armes cherchant à « purifier » les villes selon des « nettoyages
urbains » qui visent à produire une géographie de la différenciation par
fragmentation de la ville en guerre en quartiers-territoires) :
visés et détruits par les belligérants, ils permettent de mettre en exergue ce
qui construit la ville comme lieu d’interface. S’appuyant sur des recherches
empiriques menées dans les villes d’Abidjan, de Beyrouth, de Mitrovica et de
Sarajevo, cette communication se propose d’interroger la question des échelles
de la ville comme interface, au prisme de la destruction de l’urbanité. En
questionnant les spatialités et les discours spatiaux produits par ces acteurs
de la haine et de l’homogénéisation dans la ville, il s’agit d’interroger les
lieux et les espaces géosymboliques qui, détruits, inscrivent la guerre et la
disparition du vivre ensemble dans la
ville par-delà le temps des combats armés, et de fait d’interroger ce qui fait
lieu d’interface dans la ville. Cette approche par la médiance spatiale permet
ainsi de mettre en exergue la reconstruction non comme un défi économique, mais
comme un véritable enjeu social : la pacification des territoires ne peut
faire l’économie de la compréhension de ce qui fait de la ville un espace de
rencontres et d’échanges."
Source du texte : TRATNJEK, Bénédicte, 2012, "(Re)construire la ville comme lieu d'interface dans l'immédiat après-guerre : destruction de l'urbanité et symbolique des lieux dans la ville en guerre", La ville comme lieu d'interface, 9e Colloque de la Relève VRM, 17-18 mai 2012, Montréal, 5 p. + 2 figures, en ligne :
http://www.vrm.ca/documents/Releve9_Tratnjek.pdf
(Ne pas reproduire sans demande et citation explicite, y compris les figures)