Evolution et fécondité: Le chromosome Y ou le sexe masculin est-il menacé?

Publié le 10 mai 2012 par Santelog @santelog

Cette étude de l'University College London, publiée dans l'édition du 7 mai des Comptes-rendus de l'Académie des Sciences américaine (PNAS), a regardé comment les gènes des chromosomes sexuels se transmettent et permettent de maintenir la fécondité. Au coeur du débat, l'évolution du chromosome Y qui, au fil de l'évolution, a perdu 95% de ses gènes. Ici, les chercheurs prennent l'exemple du chromosome W présent chez les poulets femelles, un chromosome "comparable" au Y et, après recherche, concluent que les hommes peuvent dormir tranquilles, le chromosome Y n'est pas menacé.

Les résultats confirment que, bien que ces chromosomes sexuels -et en particulier le chromosome Y-aient perdu sur des millions d'années beaucoup de leurs gènes d'origine, les gènes qui restent sont « les bons », ceux qui sont essentiels dans la fécondité et, au vu de cette évolution, ont peu de risques de disparaître. Ces données confirment une précédente recherche du MIT, publiée dans la revue Nature, en mars dernier(1).

On pourrait traiter le chromosome Y de dégénéré, au vu de ces études qui expliquent qu'en quelques centaines de millions d'années, alors qu'au départ Y avait la taille de X, Y s'est « recroquevillé » et a perdu 95% de ses gènes de départ. Y ne contient plus qu'une centaine de gènes, alors qu'X en contient plus d'un millier. Mais, le chromosome Y, celui qui détermine le sexe masculin, ne disparaîtra pas : Le Pr Judith Mank, de l'UCL et auteur principal confirme : « Les chromosomes Y sont là pour longtemps et ne sont pas menacé d'appauvrissement génétique ».

Les chromosomes W chez les poulets femelles, ont été choisis comme modèles par les chercheurs car ils sont analogues aux chromosomes Y chez les hommes, car "sexués" et ne se recombinant pas quand mâles et femelles se reproduisent (comme Y ne se recombine plus avec X). La recherche a porté sur des régions d'ADN sur le chromosome W pour différentes races de poules, dont les taux de fécondité sont très faciles à mesurer: en comptant simplement les œufs. Les chercheurs montrent qu'une fécondité élevée est associée à une expression élevée des gènes liés à W dans toutes les races de pondeuses. Les auteurs suggèrent que la sélection féminine liée aux actes de fécondité façonne le chromosome W, et que le chromosome reste en mesure de répondre à cette sélection, malgré son absence de recombinaison. En fait, ce serait la capacité d'évolution de certains gènes de W qui serait la clé de la survie et de l'adaptabilité du chromosome, en dépit de son incapacité à se recombiner.

Ces conclusions- sur la poule- rejoignent celles  d'une étude publiée dans Nature (1) qui montrait que le chromosome Y s'est stabilisé sur les portions d'ADN qui déterminent le sexe masculin. Le fait même que ces morceaux d'ADN soient préservés, avec l'antériorité de ces millions d'années d'évolution, prouverait le caractère indestructible du chromosome Y...

Sources: PNAS 2012 109 (14) 5144-5145; published ahead of print March 21, 2012, doi:10.1073/pnas.1202905109 “Battle of the sexes: Conflict over dosage-sensitive genes and the origin of X chromosome inactivation

et Nature doi:10.1038/nature.2012.10082 « The human Y chromosome is here to stay » et (1) doi:10.1038/nature10843 “Strict evolutionary conservation followed rapid gene loss on human and rhesus Y chromosomes(Visuel © Mopic - Fotolia.com)


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