Philippe Roussel, réalisateur de cinéma, est un homme paisible. Si on lui avait dit qu'un jour il assignerait Axa en justice, il
aurait certainement haussé les épaules et serait retourné à ses chères caméras. Pourtant, aujourd'hui, il se révolte : « je n'accepte pas que de grands groupes financiers puissent agir en
toute impunité et s'en prendre à n'importe qui. » Diable, pourquoi tant de haine ?
De 1995 à 1997, il souscrit des contrats d'assurance-vie, à des taux très attractifs, auprès de
Maurice Robert, un agent général d'Axa installé à Sceaux. L'intermédiaire lui propose aussi des bons de capitalisation Boétie court terme. « Je connaissais Maurice Robert depuis fort longtemps,
je lui faisais entièrement confiance », raconte Philippe Roussel. A tort. Car, fin septembre 1997, il reçoit un courrier d'Axa l'informant que Robert a cessé ses fonctions et que des
irrégularités ont été découvertes dans les comptes de l'agent général. En fait, une partie de l'argent du réalisateur a été détournée. Au passage, il apprend que les fameux bons Boétie court
terme, produits diffusés par Axa Banque, ce qu'il ignorait, n'existent plus depuis cinq ans !
Quelque temps plus tard, Philippe Roussel est convoqué à une réunion avec une juriste et un expert
d'Axa. « Cela a duré quatre heures. Les calculettes tournaient à toute vitesse. Finalement, je suis parti en demandant que l'on me fasse des propositions écrites », raconte Philippe Roussel.
Le
« devis » ne lui convient pas, et il le fait savoir à Axa. Aussitôt, le ton change : il n'est plus question, par exemple, de rembourser, même en partie, les Boétie court terme, qui relèvent d'Axa
Banque, ni d'assumer l'engagement de taux garanti supérieur à la norme, pris par écrit et signé par Maurice Robert. Philippe Roussel estime qu'il perd près de 150 000 francs dans l'affaire. Pour
faire valoir ses droits, il prend une avocate, Jehanne Collard, et assigne Axa. En effet, un agent général est juridiquement mandataire de sa compagnie, et celle-ci doit honorer les engagements
de celui-ci envers ses clients. Mais dès que l'assureur a reçu l'assignation, il a déposé plainte contre X, visant à la fois son ex-agent et « toute personne ayant contribué à la réalisation du
délit ». « Je me sens visé par cette plainte, confie Philippe Roussel, mais je me trompe sûrement ! » Quant à son avocate, elle s'étonne qu'« Axa n'ait pas déposé plainte plus tôt contre Maurice
Robert, puisque ses agissements frauduleux étaient connus depuis deux ans déjà ». Affaire à suivre... I. I.
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