Argenteuil, projection débat à l’ombre de la république

Le figuier blanc, le cinéma d’Argenteuil a organisé une soirée-débat avec la réalisatrice Stéphane Mercurio. A l’ombre de la république, nous présente la vie en prison vu de l’oeil-écoutant du contrôle général des lieux de privation de liberté. Elle filme ainsi une parole écoutée, qui n’est pas une parole s’adressant directement au spectateur à l’état brut. Elle insère quelques images en plan fixe, pour nous restituer la temporalité immobile de la vie en milieu clos. Elle estime avoir filmé des lieux choisis, pas les plus sordides, les plus médiatisés, mais ce qui a au final privilégié le fond par rapport à l’évènement. Son constat, c’est que ces longues peines ne font finalement pas des tueurs d’enfants, mais des gens pauvres mal défendus juridiquement. C’est une incursion originale, parce qu’elle est effectuée à travers la visite de hauts-fonctionnaires de ce corps de contrôle (rapport annuel 2011), qui sont disponibles, parfois le seul contact avec l’extérieur depuis des années pour les prisonniers, et sont rigoureux, n’hésitant pas à sortir un mètre-ruban pour mesurer les dimensions des lieux. Ils ouvrent les dossiers, et constatent notamment que les maires signent des internements sans certificat médical.

Ce qui me frappe souvent c’est que les défenseurs des prisonniers n’évoquent jamais le crime qui est à l’origine de l’entrée en prison, comme si cet élément à charge pouvait amoindrir le raisonnement du spectateur, en y apportant un élément émotionnel, qui distrairait le spectateur du message important, qui est que la prison ne doit pas ajouter de la peine à la privation de liberté. Ne faut-il pas faire de la vie du prisonnier un tout, en incluant ce qu’il a fait ? certains prisonniers témoignent à visage découvert, et ne cherchent pas d’excuses, se projetant dans l’après et la peine trop longue qui les détruit peu à peu, les rend moins insérables, et perd son sens.