Felipecha « A pile ou face » Felipecha est un duo composé de Charlotte Savary, musicienne et chanteuse entendue chez Wax Tailor et de Philippe Chevalier, musicien et chanteur. Cependant, aucun rapport avec le meilleur ami de Régis Laspalès! Un premier album à leur compteur, De fil en aiguille, une réussite déjà en grande partie par la grâce de la jolie voix de Dame Charlotte, un nom depuis coché sur le calepin des artistes à suivre. Et puis ce second disque, ses onze nouveaux titres qui tracent le même sillon mélodique et feutré du premier album tout en élargissant un tantinet l’éventail de leurs possibles. En bons artisans, les Felipecha illustrent à leurs corps défendant l’actuelle tendance côté chanson d’expression française, celle de faire dans le joli et le nacré au détriment d’une certaine et viscérale vérité, un peu comme un squelette creux, une lumière sans chaleur. Il est regrettable en effet que l’écrasante majorité de la production française d’aujourd’hui entende rester à la surface des choses et des sentiments, un prisme de notre époque, le diktat du cool et de l’ironie où l’engagement se veut volage et ponctuel, un robinet d’eau tiède. Tiède, la musique de Felipecha l’est en un sens. La pudeur y est omniprésente et le détachement de rigueur, même quand il est question d’amour et de sentiments, quoiqu’il soit le plus souvent de ce satané petit quotidien en mode doux-amer ou bien d’un séjour à Londres entre shopping pour la dame et bière/foot pour le monsieur ; l’ironie encore, l’ironie toujours, vain exercice de style même si la chanson s’écoute il est vrai sans déplaisir. Une fois actée cette absence d’émotion, l’album Les lignes de fuite peut s’éprouver à sa pleine mesure, à savoir un recueil plaisant d’élégantes vignettes pop, un album suffisamment varié et bien troussé pour attirer l’attention. La mélodie langoureuse de « Rien » est une belle entrée en matière, le chant de Dame Charlotte évoque ici Olivia Ruiz, en beaucoup moins crispant cependant. Il faut dire que la voix est bien meilleure, plus solide, plus ample. Sur le reste de l’album, le chant est le plus souvent partagé au fil des couplets. Le duo fait mouche à l’occasion du beau « Ce que je sais » qu’on aurait adoré entendre de la voix de Bardot/Hardy et/ou Gainsbourg/Biolay. De même « De la lune au soleil » est une pop song fraiche, élégante et diablement réussie, belle comme un lever de soleil sur une ville de grande solitude. Voilà pour les pièces les plus douces du disque, d’autres sont plus enlevées comme un « La Tour Eiffel est un Tipi » musicalement plus ample ou encore « Le diable gardien », « L’Etincelle » est également un bon moment avec sa guitare qui mouline et le public qui tape forcément du pied. Au final un duo qui reste très attachant dans les limites qu’il se donne et un album globalement très agréable! Je vous recommande franchement ce joli groupe!