L’élection française est terminée et les Français et Françaises sont désappointés. Un sondage non scientifique de la Radio Television Française, auquel 27 000 personnes ont répondu, fait depuis l’élection posait la question : « êtes-vous satisfaits de la victoire de François Hollande ? Réponse, Non : 68 :89%, Oui 26,83 %, Sans opinion 4,28%. Pourtant il a gagné par 51,6 %. N’est-ce pas désespérant pour la démocratie !
Surprenant ? Non. Je ne suis pas surpris car les Français comme dans beaucoup de pays occidentaux ont voté « contre ». Les programmes politiques, les solutions proposées, la valeur des candidats… tout cela n’est pas ce qui fait pencher la masse des électeurs. Ce sont les images et les illusions qui l’emportent.
Ainsi, en France, l’antisarkozysme battait son plein. Jamais ai-je vu un élu autant dénigré par ses compatriotes. Depuis le soir de son élection en 2007, on a tout dit pour salir la réputation de cet homme. Et, finalement ça « marché » mais de peu. Avec seulement 1,6 % de plus, Sarkozy l’emportait.
Il y a à peine un an, alors que tout s’orientait vers une candidature de DSK, François Hollande a annoncé sa candidature. Personne, mais personne ne pensait qu’il avait une chance de remporter la primaire socialiste contre le président du FMI. Je me rappelle des premiers sondages qui lui donnaient à peine 10% d’appuis chez les socialistes. Mais, petit à petit, il a fait son chemin, et au moment du scandale du Sofitel, Hollande en était rendu à 24 %. Il faut comprendre qu’il connaît bien, depuis longtemps, le parti socialiste et ses joueurs, ayant été son premier secrétaire pendant dix ans avant que Martine Aubry la devienne.
Hollande a gagné la primaire socialiste qui a été très bien organisée particulièrement sur le plan de la publicité médiatique. Ce fut fort intéressant à suivre. Durant tout ce temps, tous les candidats dégobillaient sur Sarkozy au lieu de s’attaquer à leurs adversaires. Il n’y a rien qu’ils n’ont pas dit.
Puis vint l’élection présidentielle, pour laquelle je reconnais que le comité organisateur de la campagne Hollande a fait un travail parfait, sans anicroche. Le candidat aussi a été surprenant et a bien réagi lors de ses prestations publiques, mais l’antisarkozysme a fonctionné à plein.
De son côté, l’organisation de la campagne Sarkozy a aussi été impeccable. Tout a bien réussi. Il y avait foule à toutes les assemblées et de l’enthousiasme. Le candidat a fait des discours de tonnerre. Et petit à petit, il a pu remonter la pente dans les sondages. Malheureusement, il s’est accroché « les pieds dans les fleurs du tapis » lors du débat télévisé avec son adversaire. Il a bien fait, a bien expliqué la situation précaire de la France, mais l’impression générale a été favorable à Hollande.
Aujourd’hui, le président-choisi François Hollande dit vouloir remplir ses promesses électorales et s’attaquer aux programmes d’austérité établis par son prédécesseur et les autres chefs de gouvernements européens. Il veut faire la promotion de la croissance. J’ai toujours cru, que dans les périodes économiques difficiles, il fallait investir dans les travaux d’infrastructures ou créateurs d’emplois pour relancer l’économie et diminuer le chômage. On l’a fait au Canada lors de la crise de 2008 en investissant plus de 55 milliards dans de tels projets. De plus, le gouvernement fédéral a établi un régime d’austérité dans tous les ministères, l’a bien suivi et continue de le faire. Le Québec a suivi le pas. On voit depuis, partout, des projets en construction. L’activité économique a repris et se maintient raisonnablement bien. En effet, les derniers mois ont rapporté plus de revenus au gouvernement canadien que ce qu’il a dépensé. L’année 2012 sera encore déficitaire, mais on peut croire que bientôt le gouvernement conservateur aura réussi à balancer le budget.
Mais l’économie de l’Europe et de la France n’a aucun rapport avec celle du Canada. Il y a là non seulement une crise économique mais une crise financière et monétaire qui elles ne semblent pas vouloir se calmer. La France n’a eu que des déficits depuis plus de 35 ans. Jamais de surplus. C’est à ce moment qu’arrive le président-choisi Hollande. Il veut créer la croissance. Pour ce faire, il veut dépenser, sans couper dans les dépenses gouvernementales.
Il ne doit pas oublier que les investissements de gouvernement dans des projets de croissance, comme les infrastructures, doivent faire en sorte qu’elle se paye d’elle-même et non pas devenir un fardeau financier additionnel pour l’État. Par contre, les dépenses gouvernementales, comme l’augmentation du nombre de fonctionnaires ne rencontrent pas ce critère, c’est pourquoi il faut maintenir une politique d’austérité pour les contrôler à la baisse durant les périodes de hautes difficultés financières.
Hollande veut ajouter plus de 65 000 nouveaux fonctionnaires, et s’engager dans une série de dépenses qu’il a promises durant la campagne. Sa solution pour financer le tout, de nouvelles taxes sur les « riches », le patrimoine, etc… La France, déjà surtaxée par rapport à ses voisins, sera de moins en moins concurrentielle avec les pays de l’Europe et va s’engouffrer davantage financièrement. Enlever aux créateurs et aux investisseurs des milliards d’euros qui pourraient servir à ces derniers pour créer de nouvelles entreprises françaises, n’est pas une approche sensée. Contrairement aux USA et au Canada, où l’on sait que les nouveaux emplois sont générés surtout par l’initiative privée si elle en a les moyens financiers, Hollande semble penser c’est le gouvernement qui crée les emplois. Je crains qu’il fasse une erreur s’il suit le chemin qu’il s’est tracé et ne pourra balancer le budget français en 2017 comme il l’a promis.
De toute façon, l’avenir nous dira ce qui en sera. Je souhaite bonne chance au nouveau président de la France en espérant qu’il saura ajuster ses promesses électorales à la réalité.
Claude Dupras