© Laurent Chimento, « La partie d’échecs »
Il est tôt ce matin, le soleil flâne encore sur l’oreiller…A pas de loup, l’enfant se rend à l’atelier.
Tout est calme et un petit chat sort brusquement de dessous l’établi, l’enfant retient un cri, s’arrête un court instant, jette un coup d’œil furtif sur les meubles luisants qui somnolent dans la pénombre, puis se dirige lentement vers la remise. Il retrousse ses manches, soulève un fauteuil empaillé… Au loin, un chien aboie, les cloches carillonnent : on est dimanche. L’enfant sort délicatement de sa cachette une fine planchette, quelques petits rondins de bois.
Puis, il regarde encore autour de lui, de peur de se faire surprendre. Il gravit l’escabeau, chipe sur la tablette deux pots de peinture noir et blanc, une règle et un mince pinceau.
Il s’assit sur le sol recouvert de sciure. Sur la planchette, il trace de longues lignes horizontales, verticales qui s’entrecroisent et forment de petites cases ; il enduit de peinture les rondins de bois : un blanc, un noir, un blanc, un noir…Il est consciencieux, appliqué.
Mais il n’a plus beaucoup de temps, plus que deux jours avant l’anniversaire de grand-père.