"Une île, des rochers sauvages ne vous isolent pas de ceux que vous aimez. C'est dans les régions sauvages de l'esprit et dans les déserts du coeur que l'on se sent perdu, étranger. Quand on est étranger à soi-même, on l'est également à autrui. Si l'on n'est plus capable de se trouver soi-même, on ne peut espérer rejoindre les autres. Que de fois, à la ville, entre amis, j'ai senti qu'un désert s'étendait entre moi et l'autre ! [...] On ne peut communiquer avec ses semblables qu'à la condition d'être soi-même relié à son propre centre vital. Et, pour moi, c'est dans la solitude que je retrouve le mieux cette source intérieure."
Extrait de Solitude face à la mer (édité chez Pocket en 2003 et épuisé depuis... dommage !). Ce texte a été publié pour la première fois en 1955.
Sur une île sur laquelle elle s'est retirée pour quelques temps, Anne Morrow Lindbergh, épouse du célèbre aviateur, goûte à la solitude et s'adonne à la contemplation des coquillages. Mère de cinq enfants, elle a par ailleurs une vie bien remplie.
Malgré ses quelques traits un peu datés, Solitude face à la mer est un très beau texte d'introspection et de méditation. L'écrivain pose un regard sur la femme américaine d'alors et forte des préceptes de Virginia Woolf (Une chambre à soi) lui souhaite du temps pour elle, pour la solitude et pour l'échange, une vie simple pour garder conscience de sa vie, de l'espace pour restituer aux choses leurs valeur et leur beauté.
"Les vagues font écho derrière moi. Patience, foi, ouverture du coeur et de l'esprit, simplicité, solitude, intermittence, voilà ce que la mer enseigne. Mais il y a d'autres plages à explorer, d'autres coquillages à trouver. Ceci n'est qu'un commencement."