- EIRIS pour l’investissement responsable
Avec plus de 100 sociétés partenaires, l’organisation britannique EIRIS est « un des leaders mondiaux de l’analyse environnementale, sociale et de gouvernance (ESG) des entreprises et des Etats ». A but non lucratif, l’organisation indépendante conseille et accompagne ses clients vers un investissement responsable et durable. Cette stratégie d’investissement prend en compte, au-delà de l’aspect financier, les critères liés au concept de développement durable.
Ainsi, EIRIS réalise depuis 25 ans de la recherche dans le domaine extra-financier, et fait la promotion de stratégies d’investissement responsable. En outre, l’organisation « propose des données qui peuvent être intégrées dans les processus d’analyse et de gestion de manière facile et flexible, et offre une réelle expertise sur les questions ESG ». En d’autres termes, EIRIS s’adapte aux investisseurs et gestionnaires d’actifs, par un système personnalisé de pondération des critères ESG.
EIRIS dispose d’un logiciel propre, EIRIS Portfolio Manager, qui regroupe les analyses de près de 3000 entreprises. Ce logiciel « permet à nos clients de construire leur propre référentiel et de mettre en pratique leur approche unique en terme d’investissement responsable ».
- Dernière publication sur la performance en durabilité
La dernière publication réalisée par EIRIS s’intitule « En route vers Rio+20 ? Comment les sociétés multinationales répondent au développement durable ? ». A l’approche du sommet de la Terre qui se tiendra à Rio de Janeiro en juin prochain, le rapport inclut l’analyse des 10 sociétés internationales les plus performantes en termes de durabilité. Un total de 2063 multinationales, faisant partie du FTSE All-World Developed Index, ont été examinées.
En outre, le rapport contient une étude de la performance en durabilité des 50 plus grandes entreprises mondiales (par capitalisation). Ces entreprises représentent 60% de la capitalisation totale du marché des 2063 sociétés constituant le FTSE All-World Developed Index.
- Les résultats du rapport
Tout d’abord, c’est la société allemande Puma qui domine le classement des entreprises les performantes en durabilité. Le rapport souligne les importants risques du secteur de biens de consommation relatifs aux critères ESG, notamment au niveau légal, et de la réputation. Pourtant, la société emploie des politiques d’achat leaders dans le secteur, et utilise des « systèmes de management de l’environnement exceptionnels ». En outre, malgré son utilisation excessive des heures supplémentaires au niveau de la chaîne de production qui a posé des problèmes à la firme, elle a désormais mis en place les actions nécessaires afin d’éviter cette situation. Enfin, Puma est particulièrement engagé dans le dialogue avec ses parties prenantes et tient compte de leurs attentes. Les collaborateurs sont au centre de cette démarche (politiques d’égalité d’opportunité, de sécurité et santé, et de formation).
Le classement des 10 leaders de la performance en durabilité est complété par des sociétés de différents secteurs.
- D’abord, on retrouve des entreprises de voyages, avec FirstGroup (n°2), et The GoAhead Group (n°10). Ces sociétés prêtent une particulière attention à l’amélioration de l’impact environnemental, en favorisant notamment le transport public. En outre, le renforcement des systèmes de management de l’environnement et de reporting sont au cœur du développement durable de ces sociétés.
- Ensuite, les entreprises financières National Australia Bank (n°3), et Deutsche Boerse (n°8) ont obtenu de bons résultats. La performance durable est particulièrement ciblée au niveau des opérations de financement de projets. Ainsi, les collaborateurs sont formés à identifier les risques environnementaux et sociaux au moment d’évaluer des projets. Il est primordial que la relation avec l’ensemble des parties prenantes soit effective et transparente.
- Le secteur pharmaceutique est bien représenté, avec GlaxoSmithKline (n°4), Roche (n°5), Novartis (n°6), et Novo Nordisk (n°9). L’impact environnemental est un enjeu central pour les sociétés pharmaceutiques. Ainsi, le management des risques liés à l’eau est une priorité pour le secteur. La relation avec la communauté est également d’une importance de taille, et ces sociétés favorisent l’accès aux médicaments à tous, notamment aux pays en développement.
- Enfin, le secteur des biens de consommation, avec Phillips Electronics (n°7) complète le classement. A l’image de Puma, les conditions de travail des collaborateurs sur la chaîne de production est une préoccupation dominante de la société. La lutte contre la corruption a également fait l’objet de politiques corporatives. Produisant des biens électroniques, le management de l’énergie est important pour Phillips Electronics.
- Les britanniques en avance
Le rapport montre également que sur l’ensemble des sociétés étudiées, les britanniques sont en avancent au niveau européen, qui domine par ailleurs les continents nord-américain et asiatique. En effet, quand 20% des entreprises britanniques obtiennent la qualification A (en termes de performance en durabilité), 12% des sociétés européennes (hors Royaume-Uni) reçoivent cette note, et seulement 2% et 1% des sociétés nord-américaines et asiatiques.
Au niveau du FTSE All-World Developed Index, les 50 plus grandes sociétés obtiennent de meilleurs résultats que les autres. Quand 26% d’entre elles obtiennent une note de D ou E, 41% des sociétés de l’ensemble du FTSE AWD Index reçoivent ces notes. En outre, un quart des sociétés du top 50 sont notées A (contre 19% pour le FTSE AWD Index).
Enfin, les entreprises offrant des produits et services avec un bénéfice durable, dominent le classement de la performance en durabilité. Ainsi, les secteurs pharmaceutique et des énergies renouvelables sont logiquement bien positionnés dans cette analyse.
- Avis Sequovia
Le rapport rédigé par l’organisation EIRIS propose une perspective intéressante des démarches responsables des grandes multinationales. Le secteur pharmaceutique est logiquement dominant dans le classement des 10 sociétés les plus performantes en termes de la durabilité, de par sa mission sociale de faciliter l’accès aux médicaments au plus grand nombre. Contrairement à des présomptions fondées sur l’actualité de la crise financière, le secteur bancaire est également bien présent, notamment via la promotion de l’investissement durable et responsable.
Même si aux yeux du rapport les grands groupes sont globalement plus impliqués dans la responsabilité sociétale des entreprises, avec la mise en place de politiques et actions à enjeu durable, la RSE n’est bien sûr pas réservée aux multinationales. La prise en compte des impacts d’une organisation favorise un développement durable, réduisant notamment les risques liés à ses activités, tout en créant des opportunités et avantages concurrentiels.
On notera également que cette étude est à mettre en perspective avec d’autres que nous avions récemment analysées comme le classement produit par Ethisphère ou encore celui du Global 100.
Ce faisant, si l’examen de ces études révèle certaines constantes avec des entreprises comme Novo Nordisk, on pourra aussi s’étonner de certaines divergences dues aux approches méthodologiques distinctes des différentes organisations et surtout des différents critères extra-financiers utilisés, remarque à mettre en perspective avec les critères non-financiers les plus consultés par les analystes sur les 247 critères de Bloomberg.
A l’heure de la montée en puissance dans le monde, en Europe et singulièrement en France du Reporting Extra-financier avec la publication du décret d’application de l’article 225 de la loi Grenelle 2, le benchmark est une condition sine qua non de l’évaluation de la performance globale d’une entreprise ; alors à quel Saint se vouer ? Du Yearbook de SAM au Global 100 en passant par Le Global 1000 ou le Pacific Sustainability Index du Claremont Mc Kenna College…le choix est ouvert, sans compter avec la publication des études produites par les différentes agences de notation comme celle d’EIRIS. Attention donc, si trop d’informations tuent l’information, trop d’études risquent tout autant de gêner l’analyse plutôt que de la faciliter…