Magazine Immobilier
Hier, M6 nous a asséné pendant plus de deux heures un message simple : « les locataires jettent l'argent par les fenêtres », alors autant acheter un bel appartement. Le coup de la France de propriétaires ça me paraît pourtant un peu daté, mais bon... Les deux épisodes inédits de « Recherche appartement ou maison » ne comptaient donc exceptionnellement que des gens cherchant à investir, et pas un seul malheureux locataire. Il faut dire qu'ils sont chiants les locataires avec leurs dossiers mal ficelés.
C'était donc une spéciale futurs propriétaires, à qui on avait quand même du souffler la nouvelle phrase culte - « j'en ai marre de jeter mon argent par les fenêtres – avec sa variante : « je ne suis pas chez moi ici » combinée à un « j'ai l'impression d'être à l'hôtel ». Sinon, comment expliquer cette nouvelle obsession ?
Certainement parce que je suis trop pauvre et/ou trop frileuse pour acheter un bien, je me disais ce matin que je n'avais pas acheté de ciseaux dernièrement pour cesser de jeter l'argent par les fenêtres en voyant ma coiffeuse tous les deux mois, mais tel n'est pas le sujet.
Non seulement l'émission d'hier ne comptait que de futurs acheteurs méritants, mais ils étaient, en plus, comme traditionnellement, parfaitement pénibles avec des exigences délirantes comparées à leur budget. Le second message fort de l'émission était en effet : tu peux devenir propriétaire mais tu n'auras pas la maison de tes rêves, car tu es encore trop pauvre pour cela. De mon côté, je pensais à quoi bon acheter pour avoir un truc merdique qui ne correspond pas à tes envies, mais je suis aigrie.
Si je n'ai pas d'avis tranché sur le marché de l'immobilier aux alentours de Montpellier, où curieusement la pauvre agente immobilière qui est un peu la Thibault Chanel au féminin ne rencontre systématiquement que des chieurs, ou à Arcachon (cher, logique, je m'en doutais) voire Paris, je connais parfaitement, sans me vanter, le marché immobilier toulousain pour écrire très régulièrement dessus. Je maîtrise également sur le bout des doigts la géographie de ma ville. Je me suis donc un peu étouffée en entendant le gentil papa de Grégoire prétendre à une maison avec jardin à Toulouse pour 300.000 euros. D'abord, parce qu'il n'y a pas de maison à Toulouse, du moins dans le centre, et si le mouton à cinq pattes se présente, il ne coûte définitivement pas 300.000 euros. L'agente convainc donc notre nouvel ami de s'éloigner un peu de l'hyper centre et là ça devient n'importe quoi. Il visite d'abord à Borderouge puis aux 7 Deniers avant d'échouer à la Roseraie... Le centre de Toulouse est devenu extrêmement vaste d'un coup.
Finalement, chaque aspirant propriétaire a trouvé chaussure à son pied, en faisant de menues concessions. Les habitants d'Arcachon ont acheté une maison tape à l'œil trop petite, le toulousain est parti vivre dans la pampa (j'aurais conservé ma location, moi), la famille niçoise qui veut vivre avec le grand-père des enfants va faire construire, la parisienne va vivre dans un local commercial...
Les marges de négociations proposées par les acheteurs m'ont laissée également pantoise. Ainsi, l'intervenante niçoise n'hésite pas à proposer une offre inférieure de 100.000 euros au prix initial, qui a logiquement été refusée. Je n'ai pas compris sa démarche d'une cruauté inouïe. Pourquoi faire visiter une maison totalement hors budget, et donc topissime, à ses clients en sachant qu'il faudrait avoir recours à une négociation kamikaze ? J'imagine bien la gueule des victimes de Stéphane Plaza dans « maison à vendre » face à une négociation de 100.000 euros. J'ai déjà été étonnée que dans la première émission la dame cède aux futurs parisiens avec golden retriever de 10 ou 20.000 euros.
Rien de tel que la propriété, à n'importe quel prix, merci M6 !