« C'était hier et c'est déjà de l'histoire. C'est de l'histoire et pourtant c'était hier ». C'est la première phrase du documentaire de @Serge Moati diffusé lundi 7 mai sur France 3. Déjà de l'histoire.
Une histoire passionnante qui a vu François Hollande devenir le 7è président de la Ve République et surtout être le deuxième socialiste à accéder à cette fonction. Pour l'histoire, je retiendrai la boule au ventre tout au long de la journée du 6 mai, l'instant du « a voté », les frissons lors des résultats, les larmes retenues, une joie intérieure, et une joie collective à la Bastille dans cette France diverse, bigarrée et entraînante. Je retiendrai les baisers enfiévrés des amoureux ce soir-là. Je retiendrai aussi ce discours de François Hollande sur la place de la Bastille. « Merci, peuple de France aujourd'hui rassemblé ». Je retiendrai aussi un sentiment diffus de plénitude, un sentiment de vivre l'histoire, un sentiment d'espoir -modéré- mais d'espoir quand même. Et une fierté : celle de pouvoir dire un jour : « j'y étais ».
D'autres se reconnaissant dans le « peuple de gauche » avaient eu et fait mai 1968 et mai 1981, ma génération aura désormais son mai 2012.
Avec une question maintenant : Que fera François Hollande de cette victoire et que ferons-nous individuellement et collectivement de cet espoir ?
Côté politique, gageons que François Hollande a appris des expériences passées de la gauche. Gageons qu'il ne sera pas un hyper-président ou un monarque fainéant se laissant happer par le pouvoir considérable que la Ve République confère à son président. Sa campagne, ses premiers jours de Président élu, et surtout ses prises de positions récentes ou anciennes sont encourageantes.
« Ce avec quoi il faut en finir, ce n’est pas l’élection du président de la République au suffrage universel, c’est le narcissisme démocratique – cette identification du pouvoir à un seul d’entre nous », répondait François Hollande à Edwy Plenel dans le livre de dialogue « Devoirs de Vérité » paru en 2006. Il ajoutait : « Une authentique culture démocratique ne se réduit pas à la sélection d’un ou d’une candidate. C’est le projet, c’est le contrat, c’est la politique qui crée la dynamique. C’est le collectif qui porte l’individuel. (…) Une ambition qui ne se partage pas finit toujours par s’égarer dans l’aventure, l’échec ou l’impasse. Un pays ne se transforme pas par les intuitions d’un seul, fût-il investi par le suffrage universel ».
Voilà une bien belle intention. Cette gauche au pouvoir devra la traduire en actes. La constance, la cohérence et l'opiniâtreté de François Hollande depuis 2009 peuvent laisser penser qu'il en sera ainsi. 2009. Date du début de la longue marche du président élu. C'était à Lorient, fin juin 2009. Par curiosité, je m'y étais rendu. Peu de journalistes étaient présents. Deux tout au plus. Les autres fidèles à leur antienne sondagière qui faisait d'Hollande un « looser » n'avait même pas daigné faire le déplacement.
Déjà Hollande avait tracé deux axes : son idée du Rêve Français, et son pacte productif. Il y a trois ans, déjà. Comme quoi l'homme est tenace. Et comme disait l'un de ses mentors, François Mitterrand, « tant qu'il y a une volonté, il y a un chemin ». Espérons que cette gauche là, trouvera le chemin de la vérité, de la rigueur morale, et du changement. Celui-ci sera politique et institutionnel, mais il est capital pour engendrer les autres « changements » économiques, sociaux, sociétaux etc...
De fait, si l'espoir est là – modéré – mais tout de même là, il ne peut cette fois-ci être déçu. Cette génération « Hollande » attend beaucoup. Elle est prête à se battre et à donner des choses individuellement et collectivement pour son pays. Elle le prouve tous les jours. Le nouveau président ne devra pas les decevoir.
Cette refondation républicaine nécessaire concerne l'institution « présidentielle », mais aussi l'école, la laïcité, et tout simplement la vie. Changer la vie ? Pas forcément. Plutôt changer les conditions qui permettent à chacun de vivre sa propre vie et de s'inscrire dans un collectif. Voilà le point crucial.
C'était hier et c'est déjà de l'histoire...C'est de l'histoire et pourtant, c'était hier. Maintenant, c'est le présent. La concrétisation des espoirs, c'est maintenant.