Strasbourg l'européenne : Une vraie chance à saisir

Publié le 17 mars 2008 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

L'éditorial de Daniel RIOT pour RELATIO

La victoire de Roland Ries n’est ni une surprise ni une mauvaise nouvelle pour celles et ceux qui veulent que Strasbourg soit digne de sa vocation européenne forgée par son histoire, par sa géographie et par l’empreinte de l’humanisme rhénan. Et de sa mission de « capitale démocratique » de l’Europe définie par le traite de Londres en 1949 instituant le Conseil de l’Europe et confirmée à plusieurs reprises par les traités de l’Union européenne.

Sans faire le procès de l’équipe sortante en matière européenne (que  j’ai instruit à plusieurs reprises ici et ailleurs), il importe de tirer quelques leçons majeures du temps perdu, des occasions gâchées, des confusions faites entre volonté et velléités… Pour ce qui n’a pas été fait soit réalisé. Et que ce qui a été bien fait soit encore mieux fait.

Le Tandem, comme il s’est appelé, a eu quelques bonnes initiatives qui n’ont pas été poussées jusqu’au bout

1)   Le Club de Strasbourg qui réunit une trentaine de villes de l’Europe médiane dans une coopération originale : il fallait développer des partenariats plus diversifiés avec des contacts qui soient permanents. Et il ne fallait pas que ce Club se fasse au détriment de ce que Catherine  Trautmann et Roland Ries avaient initié : des contacts avec les villes non capitales nationales mais sièges d’organisations internationales, des vraies relations suivies entre Strasbourg, Luxembourg, Bruxelles, Francfort et toutes les villes qui abritent des « agences «  de l’Union européenne. Le Club à approfondir. D’autres coopérations à établir.

2)   Les contacts avec les euro-parlementaires sont restés trop superficiels et trop restreints. Quand il s’agit de faire du lobbying, on ne se contente pas de rencontre des amis, on essaie de convaincre des adversaires … Cela implique un vrai service (qui ne soit pas que du protocole), une vraie stratégie, des efforts constants. Avec un ou plusieurs adjoints ou élus qui ne se consacrent qu’à l’Europe…. Laquelle n’est pas un simple « quartier » … C’est sur ce terrain là --- et à Paris--- qu’il faudra déployer bien des efforts. « J’attends vos propositions », avait dit Sarkozy. Il importe de le prendre au mot. Et d’agir avec plus de vigueur et de professionnalisme.

3)   Sarkozy s’est engagé à défendre le statut de Strasbourg, mais le rapport rédigé par Roland Ries sur le positionnement de Strasbourg  a été superbement ignoré localement, comme on été méprisé tous les projets que la « gauche » avait soutenu : je pense à l’Eurodom proposé par Alexis Lehmann, en particulier. Ou au réseau « banlieues d’Europe », exilé à Lyon. Il importe de relancer des actions qui renforcent effectivement le rayonnement européen de Strasbourg et l’européanisation de la ville ou plutôt de la CUS et de l’eurodistrict.

4)   L’Eurodistrict a été lancé, mais avec retards, gaspillage de temps, liquidation du « forum citoyen », et manque d’audace. Le tram à Kehl devrait être là, déjà, non ? Les engagements pris par Roland Ries doivent être respectés.

5)   Le Parlement des philosophes a été un succès indéniable…qui a été gâché pour des raisons bien peu raisonnables… Strasbourg doit redevenir un Lieu où l’on « pense » l’Europe, la démocratie, l’humanisme du XXI ième siècle. Cela exige autre chose que des petites initiatives présentées comme des grandes mais qui sont développées dans bien d’autres villes plus…européanisées et plus « d’excellence » que Strasbourg

6)   Rapprocher le Conseil de l’Europe de la Ville, oui, bien sûr. Reprise d’une initiative bien ancienne des Dna et de Marcelion Oreja, les « entretiens de Strasbourg » n’ont jamais eu l’ampleur qu’ils auraient du et pu avoir et les relations entre le conseil de l’Europe (comme avec les autres organisations qui siègent à Strasbourg) méritent bien autre chose… Les idées ne manquent pas. Le rapport Ries en comptaient quelques unes. Le Pacte de Relatio en compte (délibérément) …trop.  De beaux chantiers en perspective.

7)   Le manque de démocratie locale et le non respect de l’opposition ont constitué de freins à ce qui est essentiel : les affaires européennes pour Strasbourg doivent dépasser les clivages politiciens. Et des actions qui mobilisent d’une façon coordonnée les conseils généraux, la Région, nos partenaires d’outre Rhin et l’ensemble de la société civile. Dans le pacte européen local pour Strasbourg, Relatio a présenté une série de suggestions dont la création d’un Conseil des affaires européennes. Ce Conseil (transpolitique, pluridisciplinaire et transgénérationnel) s’inspire de ce qui avait permis à « Strasbourg-Europe » dans les années 80 de sauver les sessions strasbourgeoises du PE.  La forme qu’il peut revêtir importe peu, mais le positionnement européen de Strasbourg exige une mobilisation qui dépasse les « lignes » politiques et les corporatismes. Roland Ries a le tempérament adapté à ce type

Les réponses fournies au questionnaire Relatio par Ries, Bigot et Nisan (qui ont eu l’intelligence de travailler en commun sur ce sujet comme sur d’autres) ne sont pas toutes aussi précises que nous aurions pu le souhaiter. Les engagements pris ne sont pas aussi clairs que nous l’espérions (dommage qu’un adjoint chargé des affaires européennes n’ait pas été nommé à Illkirch…)

Mais les réponses faites et les engagements pris  permettent au moins d’espérer une nouvelle approche de la question européenne, une nouvelle philosophie d’action et des réalisations (pas seulement en béton et en verre) qui doivent développer l’Europe A Strasbourg et l’Europe De Strasbourg.

Bref, une chance est à saisir. Que personne ne la gâche !

Daniel RIOT