Lettre ouverte à François Hollande

Publié le 08 mai 2012 par Yasida

photo  M.-C. Roussel Dupuy

Lettre ouverte au Président français


Monsieur le Président,
Mon Président,


Je suis un de vos sujets de la République du Niger, une de vos colonies, cuite à point, juste en dessous de l'Algérie, au nord du Nigeria, coincée entre le Mali et le Tchad.

Monsieur le Président, je n'ai aucun doute sur vos cours de géographie, mais c'est juste pour vous dire que je ne suis pas le triangle de Bermudes , mais le cercle du chaos : AQMI, Ansar Edine, Boko Haram ...


Monsieur le Président, on dit de vous que vous êtes un homme normal.

Normal, très bien.

Dans ma culture, un chef reste un homme, on a horreur du culte de la personnalité.


Monsieur le Président,

Félicitations et bonne chance.

Le travail qui vous attend est énorme, cela ne va pas dans le sens de vous décourager, bien au contraire.
Vous allez prendre des décisions importantes, pour la France d'abord,, mais pour nous aussi, bien sûr, l'Afrique.
C'est pour tout cela que je vous écris, Monsieur le Président.

Monsieur le Président,

On dit souvent que la défaite est orpheline, et que la victoire ne manque pas de parents.
Sincèrement, au fond de moi, j'ai souhaité que vous écrasiez Sarkozy, complètement, totalement, définitivement.
Tout cela pour deux guerres et un discours.
La Côte d'Ivoire et la Libye, et le fameux discours de Dakar.

Très malin, Sarkozy a voulu faire de sa chute un retrait tactique mais, ma foi, c'est une débâcle.
Non, je n'ai rien contre l'homme, mais contre le Président.

Cet homme était en première ligne en Libye, pour une guerre absurde. Certes Kadhafi était un dictateur, le Mal en puissance, mais pour avoir raison d'un homme, faut-il détruire un peuple ?

Et ensuite d'autres Peuples, au loin : les Maliens, les Toubous ,,,


Monsieur le Président,
Mon Président,


J'ai retenu de votre premier discours les mots Justice et Jeunesse.
Je crois que vous  êtes inspiré, que vous avez quelque chose en dedans, dans les tripes comme dirait l'autre.
Pour moi, la Justice est le plus beau mot du monde et généralement, je fais tout pour l'accompagner de son frère jumeau la Paix, son compagnon parfait.
Et le mot Jeunesse, quant à lui, incarne en moi la vie, l'hivernage, qui est ici, au Sahel, synonyme d'eau et de verdure.
La Jeunesse, c'est l'espoir et l'avenir.

Monsieur le président,


Nous espérons en vous
Vos références sont dignes de confiance.
Mitterrand disait déjà : " Quand les inégalités, les injustices ou les retards d'une société dépassent la mesure, il n'y a pas d'ordre établi, aussi répressif soit-il, qui puisse résister au soulèvement de la vie. "
Ces paroles nous mettent du baume au cœur et nous aident à tenir encore.
Quand les Peuples prennent les armes, ce n'est pas une partie de scrabble ...


Monsieur le Président,


Regardez autour de vous, Monsieur le Président,

Il y a des peuples avec des civilisations millénaires, des territoires reconnus, une culture aux valeurs universelles comme le respect de l'autre, la liberté de la femme, la tolérance, le sens de la liberté, de la justice, de la liberté encore.

Monsieur le Président,


Cinquante ans après le départ fictif de la France des colonies, des erreurs monstrueuses sont à réparer.
Faîtes que ce soit vous, et non un autre, l’artisan de l'Afrique nouvelle.
Pensez aux minorités. A toutes les minorités
Restituez-nous nos territoires.
Oui, nos terres.
Nos langues maternelles,
nos écritures ancestrales,
nos âmes,
nos richesses,
notre dignité,

Monsieur le Président,


Vous avez un immense pouvoir.
Vous siégez au G5, au G8 au G20,
Au Conseil permanent de l'ONU.
Vous avez l'Europe, l'OTAN , l'arme nucléaire.
Vous avez les médias.


Monsieur le Président,
vous avez tout cela

Nous, Monsieur le Président, n'avons rien de tout cela.
Mais nous avons un choix et nous l'avons fait : celui de vivre dignement chez nous.
D'élever nos enfants dans la paix,
à l'abri des rebellions cycliques,
des famines périodiques,
de l'analphabétisme chronique,
des maladies endémiques,
de la mal-gouvernance systématique,

Monsieur le Président,

Sauvez-nous des barbus de tout bord et de tout acabit, des têtes brûlées de toutes couleurs. Donnez à nos enfants des raisons d'espérer et à la Justice ses lettres de noblesse.

Bon travail,

Monsieur le Président,

Le temps presse,

Rhissa Rhossey,

Tchirozerine, le 08/05/2012