« Ils parlaient de l'honneur allemand, de sang et de sol, d'un peuple sans espace, de notre sous-sol comparé à l'appartement de Chaïm Finkelstein, de l'honneur du coiffeur allemand... même avec un nom accidentellement polack. Ils parlaient de la dignité de la mère aryenne, avec ou sans bague au doigt - "Car qu'est-ce qu'une bague ? disait Slavitzki. On s'en branle de la bague : c'est que de l'or. Et l'or, c'est qui l'idolâtre? La juiverie internationale !". »
Le narrateur est un citoyen juif respecté et reconnu, membre des diverses associations caritatives, soldat de Haganah et du tout nouvel État Israélien... Un homme respecté qui a changé d'identité pour cacher son passé de criminel nazi.
« Ça fait des mois que je me creuse la tête pour savoir comment faire pour me planquer. Plus j'y réfléchis, plus je me dis: " Max Schulz ! S'il y a une seconde vie pour toi, il faudrait que ce soit la vie d'un Juif!" Après tout, cette guerre, c'est nous qui l'avons perdue. Et les Juifs qui l'ont gagnée. Et moi, Max Schulz, j'ai toujours été un idéaliste. Mais un idéaliste d'une espèce particulière. »
L'histoire débute dans une petite ville allemande où le narrateur, fils de père inconnu, et d'une prostituée, se laisse séduire par l'hitlérisme bien que son meilleur ami soit juif. Il devient SS, participe aux pogroms en Russie, avant d'être affecté dans un camp d'extermination. A la chute du nazisme, il réussira à sauver sa peau :
« Un idéaliste qui sait changer de fusil d'épaule. Quelqu'un qui sait que la vie est plus facile du côté des vainqueurs que des vaincus. C'est comme ça. Que je sois maudit si ce n'est pas la vérité. Et comme les Juifs ont gagné la guerre... Seulement, va falloir que je me coupe la bite, dit Max Schultz. Et ça, ça ne me plaît pas du tout." »
Le nazi et le barbier est une farce corrosive et cruelle sur la Shoah et sur un monsieur tout le monde opportuniste, égocentrique et quasiment dénué de conscience. Un roman surprenant et passionnant à l'humour noir et au style fleurit.
A lire.